C’est au cœur du Morvan, dans un cadre champêtre idyllique, que Jacques Saussey choisit de placer sa nouvelle intrigue. Il retient des lieux authentiques comme Pierre-Pertuis et sa célèbre roche percée, la Cure, un affluent de l’Yonne.
Par contre, il propose un récit de fiction dont il faut souhaiter qu’il reste dans l’imaginaire. En effet, le romancier combine un meurtre d’une belle cruauté, n’épargnant pas les constituants de celui-ci, décrivant les acteurs innocents qui concourent, acteurs dont c’est la nature et le rôle. Cette réalité appliquée à une victime humaine devient difficile. Il n’épargne pas son lecteur avec une relation de causes à effets des plus directes.
L’enquête décrite est fort difficile à mener car les traces sont inexistantes. Les potentiels suspects, les possibles coupables, sont nombreux tant la morte est abominée.
Il lui faut prendre une décision difficile car son père ne peut plus rester chez lui. Il faut l’intégrer dans une unité spécialisée.
Deux mois plus tard, Alice Pernelle, étudiante en médecine à Paris, apprécie de faire un footing tôt le matin, en compagnie de son chien, quand elle est chez ses parents dans le Morvan. Après avoir échappée à l’assaut d’un sanglier blessé, grâce à son Braque, elle le suit et découvre un corps écartelé, couvert de vermine. Elle appelle son père qui prévient la gendarmerie de Vézelay.
L’autopsie révèle une femme qui, bien que couverte de vermine, vivait encore il y a vingt-quatre heures. Elle a subi le martyre avant de succomber quand elle a dû ingurgiter un acide.
C’est le premier adjoint de la petite commune qui affirme que le corps n’était pas en place le samedi alors qu’Alice l’a découvert le dimanche matin. La gendarmerie identifie la victime, une femme dans la cinquantaine, une DRH que tout le monde déteste, même sa fille.
Le légiste précise que cette femme était toujours vivante quand les mouches ont commencé à pondre sur son corps. Qui a pu s’acharner ainsi sur elle, justifiant la remarque du premier adjoint : “Ce qu’il faut de haine…”
Pour faire vivre cette histoire, le romancier construit un ensemble de personnages tous pertinents dans leur fonction, dans la place qui leur est dévolue. Il met en scène cette jeune étudiante qui, traumatisée, va s’impliquer, une capitaine de police pugnace et des acteurs tous intéressants pour leur caractère et leur psychologie.
Avec ces éléments, Jacques Saussey conçoit un roman passionnant, addictif. Les chapitres courts donnent un rythme soutenu. Il alterne les actions et les déductions des principaux protagonistes, y compris l’assassin. Son écriture est impérieuse, très visuelle même pour les scènes délicates.
Ce qu’il faut de haine est un thriller psychologique, d’une puissance narrative peu commune, une enquête difficile à résoudre avec un dénouement comme il faut les apprécier, absolument imprévisible.
serge perraud
Jacques Saussey, Ce qu’il faut de haine, Fleuve noir, coll. “Thrillers”, octobre 2023, 400 p. — 21,90 €.