Matz & Luc Jacamon, Le Tueur — t.05 — “Affaires d’État : La face cachée de l’abîme”

Pour régler le compte des “intouchables”…

Même s’ils sont, par nature, des­ti­nés à l’anonymat, les per­sonnes char­gées de régler au mieux des affaires déli­cates, embar­ras­santes pour l’État font un tra­vail effi­cace. Matz s’est emparé d’un tel per­son­nage et l’entraîne dans des situa­tions où il lui faut inter­ve­nir sans trem­bler.
Avec ce nou­veau cycle, le scé­na­riste intègre des fac­teurs encore plus dif­fi­ciles à sup­por­ter comme la pros­ti­tu­tion d’enfants au pro­fit d’ignobles exploi­teurs. On apprend que le héros a une fille, mais qu’il ne la voit pas, ni sa mère, pour les pro­té­ger. Et ces enfants migrants touchent sans doute une fibre sen­sible, car le monstre absolu n’existe pas. On peut tou­jours trou­ver une infime par­tie d’humanité même chez les plus abjects.

Dans le tome pré­cé­dent, le Tueur repère un tra­fic d’êtres humains pas très loin du cha­let où il loge. Deux enfants se sont échap­pés qui lui rendent visite. Mais ils sont repris pen­dant qu’il est en mis­sion. Il trouve le corps du petit gar­çon assassiné.

Bar­bara, son contact à la police, et lui che­minent à tra­vers bois et col­lines vers le cha­let. Ils traquent les têtes de ce réseau de tra­fi­quants d’êtres humains. Bar­bara a une oppor­tu­nité en Anda­lou­sie, au bord de la Médi­ter­ra­née. La cible ne sort jamais, tou­te­fois, il est sur son yacht. Quand un homme arrive vers le bateau, celui qui est visé s’avance pour accueillir ce visi­teur. Le Tueur est en place mais cet arri­vant reste dans la ligne de tir. Ils vont ren­trer à l’abri, deve­nant inac­ces­sibles. Le Tueur n’hésite qu’une frac­tion de seconde et tire. La balle tra­verse la tête de la pre­mière puis de la seconde per­sonne. Mis­sion accom­plie pour cette phase.
D’autres diri­geants res­tent à éli­mi­ner, en par­ti­cu­lier un pro­cu­reur qui a quitté son épouse pour suivre une maque­relle dument authen­ti­fiée. Il est inter­ve­nue dans deux affaires, les pol­luant, per­met­tant la libé­ra­tion des mis en cause.
Or, cette fois, face à une situa­tion cri­tique la froi­deur appa­rente du Tueur se fis­sure et…

Le scé­na­riste prête nombre de réflexions sur l’Homme et sa nature, des pen­sées peu posi­tives quant à une pos­si­bi­lité d’évolution des indi­vi­dus. A déses­pé­rer de la race humaine !
Si une par­tie de l’album met en scène les deux pro­ta­go­nistes dans un cer­tain quo­ti­dien, vivant une petite période de vacances, celle-ci, sou­dain, se trans­forme pour deve­nir un intense moment d’actions.

La mise en images de Luc Jaca­mon est tou­jours aussi effi­cace avec son style très par­ti­cu­lier. Il donne nombre de planches met­tant en valeur des pay­sages, des décors urbains et fait mouche avec une suite de vignettes aussi explo­sives que les balles tirées par le héros.

Le per­son­nage du Tueur a ins­piré The Killer de David Fin­cher, un film sorti en novembre 2023 sur Net­flix avec Michael Fass­ben­der dans le rôle.Une série remar­quable par la qua­lité des réflexions, le soin apporté à l’intrigue et pour son gra­phisme élégant.

serge per­raud

Matz (scé­na­rio) & Luc Jaca­mon (des­sin et cou­leurs), Le Tueur — t.05 — Affaires d’État : La face cachée de l’abîme, Cas­ter­man, octobre 2023, 64 p. — 12,95 €.

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