Pub Ys

(Vivian Sas­sen)

Outre­mer, l’autre rive, celle de l’Orient, l’Autre-Mère, l’outre-mère, ce conti­nent de femmes où l’on t’a conduite puis aban­don­née sur le rivage sophis­ti­qué à l’extrême du sou­pir et des poudres sur la pau­pière jusqu’aux cana­pés en velours rouge. Des femmes s’y allongent, plan­tu­reuses, voluptueuses.

Le cours sinueux de leurs lourdes che­ve­lures suit le tracé de l’ombre et de la lumière. L’œil est cap­tif. Mais der­rière cette forme de per­fec­tion se cache une autre réa­lité : celle du dégui­se­ment et de la mas­ca­rade. Le corps épa­noui des femmes repose dans des posi­tions impos­sibles par rap­port aux cana­pés, au décor fac­tice et la toile à moi­tié vide.

Mais c’est bien là le tra­vail d’une pho­to­graphe per­fec­tion­niste et déçue par le réel : pro­po­ser une réa­lité alter­na­tive comme dans la publi­cité — à savoir celle de la subli­ma­tion et du leurre. L’œil est dans le décor, mais le décor est fis­suré. L’érotisme est uni­que­ment dans les visages car seuls ils tra­duisent que la femme est res­tée forte, libre et sau­vage, en dépit des hommes qui veulent la pos­sé­der.
Et s’y découvre la ten­ta­tive déses­pé­rée de sous­traire quelque chose au temps et à la mort.

jean-paul gavard-perret

Photo Vivian Sassen

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Filed under Erotisme, Inclassables

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