Patrick Weber, Baudouin Deville & Bérengère Marquebreucq, Berlin 61

Dans Berlin-Est, tous les dangers…

Kath­leen Van Overs­trae­ten est une hôtesse de l’air belge. Elle est l’héroïne d’une saga à carac­tère poli­cier, se retrou­vant mêlée à des évé­ne­ments, des situa­tions étranges où, avec pug­na­cité, elle met son éner­gie à résoudre le pro­blème. Après Sou­rire 58, Léo­pold­ville 60, Bruxelles 43 et Inno­va­tion 67, on retrouve la pim­pante jeune femme dans une sombre his­toire d’espionnage en lien avec l’Allemagne de l’Est dans l’année 1961.

Tout com­mence quand une jeune femme fuit après s’être fait agres­sée dans la salle de bains de sa chambre d’hôtel.
Kath­leen et Gérard, son fiancé pilote à la Sabena, ter­minent leurs vacances et rentrent à Bruxelles par un train auto-couchettes. En allant aux toi­lettes, Kath­leen aide une jeune femme à ran­ger sa valise. Celle-ci se pré­sente, Anne­lore Schmidt, musi­cienne qui rêve d’être sélec­tion­ner à un concours à Bruxelles. Kath­leen l’invite à se joindre à eux pour le dîner. Alors qu’ils ont rejoint le wagon-restaurant, le train s’arrête parce qu’on a actionné le signal d’alarme. Inquiète de ne pas voir arri­ver Anne­lore, Kath­leen se rend à sa cabine. Celle-ci est vide, ne reste que son violon.

Kath­leen est trou­blée car elle a perçu que cette femme avait peur. Elle décide de la retrou­ver pour lui rendre son ins­tru­ment. Mais qui sont ces hommes qui l’épient, lui volent son por­te­feuille pour pho­to­gra­phier ses docu­ments d’identité ? Et Kath­leen se trouve impli­quée dans une sombre his­toire en lien avec la situa­tion à Berlin-Est, la fron­tière deve­nue infran­chis­sable avec la construc­tion d’un mur…

Avec cette série, les auteurs font revivre les années 1950/60 avec ce que l’époque com­por­tait de situa­tions poli­tiques, de drames mar­quants, de conflits, d’événements qui ont fait une belle actua­lité. Avec cette aven­ture, ils braquent le pro­jec­teur sur la Répu­blique Démo­cra­tique Alle­mande (RDA), qui n’a eu de démo­cra­tique que son titre. Ce pays est devenu un des régimes com­mu­nistes les plus durs avec son bras armé, la STASI.
On suit les pas de cette héroïne par­ti­cu­liè­re­ment intré­pide qui n’hésite pas à se jeter dans la gueule, non pas du loup, mais d’une cari­ca­ture de l’ours. Les auteurs res­ti­tuent l’atmosphère qui régnait dans les dif­fé­rentes par­ties de Ber­lin, les ten­ta­tives plus ou moins réus­sies pour quit­ter l’Est, fuir cet énorme goulag.

La STASI, cette struc­ture qui avait réussi à recru­ter un agent pour cent-quatre-vingts habi­tants, plus de nom­breux « béné­voles » char­gés de sur­veiller quelques mau­vais citoyens, avait un maillage gigan­tesque. Ses diri­geants avaient mis en place une opé­ra­tion bap­ti­sée Romeo avec des jeunes hommes char­mants qui avaient pour mis­sion de séduire des femmes pou­vant avoir accès à des ren­sei­gne­ments impor­tants.
Ce récit remet en mémoire cer­taines pra­tiques de l’époque comme ces voyages en trains auto-couchettes qui per­met­taient de voya­ger en emme­nant son véhi­cule sur le lieu de vil­lé­gia­ture.
Bau­douin Deville retrouve pour son des­sin toutes les carac­té­ris­tiques de ce genre dénommé L’École belge, La Ligne claire, genre porté au pinacle par des créa­teurs tels qu’Edgar P. Jacobs ou Jacques Mar­tin. Avec une mise en page de fac­ture clas­sique, il donne des décors superbes et met en scène de belle manière ses pro­ta­go­nistes, fai­sant res­sen­tir tout le dyna­misme de Kath­leen. Cest à Béren­gère Mar­que­breucq que revient la tâche de la mise en lumière des planches, mis­sion dont elle s’acquitte avec brio, retrou­vant les teintes en vigueur à la fin des années 1950.

Un dos­sier didac­tique de huit pages éclaire cer­taines don­nées incluses dans le scé­na­rio.
Ber­lin 61 offre un bel épi­sode de la saga de Kath­leen avec ce récit où la part his­to­rique est rigou­reuse, tout en lais­sant une intrigue sub­tile prendre place,et pour son gra­phisme bien dans l’esprit de l’époque.

serge per­raud

Patrick Weber (scé­na­rio), Bau­douin Deville (des­sin) & Béren­gère Mar­que­breucq (mise en lumière), Ber­lin 61, Édi­tions Ans­pach, novembre 2023, 64 p. — 15,50 €.

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