Adepte d’un humour transgressif mais au besoin écologique, Maurice Renoma se fait accompagner lors de ses multiples déplacements d’un étonnant ami de voyage et animal de compagnie d’autant plus muet qu’il est en plastique…
Sur ce poisson rouge (car c’est de lui qu’il s’agit), l’artiste laisse planer le doute : “Est-il un résidu de pétrole issu de l’industrie du plastique, le résultat à court terme de la pêche intensive ou encore un ami artificiel dans notre société individualiste ?”
Cristobal — puisque c’est le nom de cet étonnant poisson rouge — dénonce en conséquence l’omniprésence du plastique devenu fléau du monde plus particulièrement aquatique. Il réapparaît ainsi dans une rétrospective — mais pas seulement — de photographies d’humeur humoristique, sensuelle et tendre. Une nouvelle fois, il est placé en étal ou frétille en des mises en scènes cocasses et poétiques.
Parfois bobo, parfois aventurier il devient le sujet de vanités de nos vanités et donc miroir et méditation sur notre monde de surconsommation et de la pollution qu’il induit.
Les huis clos des photos obligent à certaines forclusions dont les conséquences suspectes tiennent néanmoins de divines offrandes. Mais ce poisson rouge, en se faufilant partout, prépare à l’invisible sans chercher à cicatriser ce qui nous arrive au sein d’une telle satire loufoque.
jean-paul gavard-perret
Maurice Renoma, Cristobal au faubourg, Galerie Nichido (61 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris), du 16 novembre au 16 décembre 2023