Dans la guerre secrète menée par la Russie…
Cédric Bannel donne un récit très documenté sur les stratégies développées par les services de renseignement. Il concocte une histoire appuyée sur des connaissances approfondies sur le fonctionnement de l’État et ses réseaux. Son parcours professionnel lui a permis de nouer des relations bien informées qui lui apportent des matériaux qu’il structure pour en faire les composantes de ses livres. Ainsi, le personnage d’Olga est composé à partir de plusieurs personnes authentiques qui gravitent dans l’entourage de poutine.
Le héros est confronté à une unité du GRU qui existe vraiment. C’est un service chargé d’actions secrètes. Il est responsable, par exemple, de l’élimination de ceux qui gênent le pouvoir au moyen de poisons, de radioactivité…
En Transylvanie, un homme fuit devant trois poursuivants. Coincé au sommet d’une falaise, il cache une clé USB dans une anfractuosité et saute dans le vide. Dix jours plus tard, à Paris, Edgar Van Scana fait face à Paul, le colonel de la DGSE, qui l’informe du décès de cet Ukrainien, un agent. Celui-ci devait remettre à son officier traitant des éléments d’un complot ourdi par le Kremlin contre la France, une opération qui aurait pour nom de code Ouragan de feu.
Edgar part, toutes affaires cessantes, pour la Roumanie avec pour couverture une mission pour un client de son cabinet. Mais que pèse Edgar face au rouleau compresseur russe mené par la générale Olga Ranevskaïa, responsable des opérations noires du Kremlin ? Il doit avancer comme un fantôme… Mais même les fantômes sont en grand danger…
L’invasion russe a été stoppée, en partie grâce au soutien de l’Occident en Ukraine. Si attaquer l’OTAN semble difficile pour le Kremlin, celui-ci veut mettre en difficultés des États de façon souterraine, détournée, et il ne s’en prive pas.
Le romancier “imagine” que les Russes possèdent le moyen de mettre la France, un pays plus vulnérable, dans une situation chaotique par une série d’attentats de grande ampleur. La DGSE envoie un agent noir pour contrer cette menace.
Dans ce roman, l’auteur mêle, bien sûr, fiction et faits authentiques et imagine des actions proches d’une effroyable réalité. Il fait du continent européen une proie facile pour des grands fauves avides de conquêtes, de rêves pour reconstituer des empires disparus. Si Poutine en est un, il n’est pas le seul dirigeant sans scrupules et surtout sans contre-pouvoir.
Les Fantômes de Kiev se lit d’une traite pour sa succession de péripéties musclées, pour les hypothèses glaçantes émises, fondées sur des éléments tangibles.
serge perraud
Cédric Bannel, Les Fantômes de Kiev, XO Éditions, coll. “Espionnage”, mai 2023, 512 p. — 21,90 €.