Jean Van Hamme & Philippe Berthet, La Fortune des Winczlav — T.03 : “Danitza 1965″

Quand il en faut tou­jours plus…

Dans un court para­graphe intro­duc­tif, Jean Van Hamme rap­pelle les menées abjectes de Tito pour accé­der au pou­voir après la Seconde Guerre mon­diale. L’album s’ouvre sur la nais­sance de Danitza et sur les causes de la mort de son père, Jovan Wincz­lav, la fuite éper­due de sa mère Aliana.
Nerio Winch apprend la mort de son père par Sid­ney, son frère de lait. Il règle le pro­blème de la dame qui était en sa com­pa­gnie, mais n’assiste pas à l’enterrement de son géni­teur. Il est à Washing­ton pour se faire res­ti­tuer les terres riches en pétrole dont son père avait été écarté. Alors qu’il est dans son club, il se fait trai­ter de nabot par un homme blond. Il va s’employer à le rui­ner et aug­men­ter sa propre fortune.

Aliana a trouvé refuge dans une struc­ture où elle est exploi­tée, ne pou­vant voir sa fille qu’épisodiquement. Aussi quand sa voi­sine de cham­brée lui apprend que Danitza va être ven­due à un couple en mal d’enfant, elles décident de fuir, non sans régler quelques comptes.
Et Nerio est prêt à toutes les abjec­tions pour accroître encore et encore sa for­tune au point que Sid­ney ne veut plus res­ter avec lui et s’engage dans les ser­vices du fisc…

Cette tri­lo­gie, qui s’achève avec le pré­sent tome, raconte les ori­gines de l’empire de Largo Winch. Et ce n’est pas relui­sant. Mais, est-ce éton­nant ? Y-a-t-il une for­tune construite sur l’honnêteté où l’humanisme a pré­valu pour la consti­tuer ? La célèbre maxime d’Honoré de Bal­zac dans Le Père Goriot reste d’une actua­lité brû­lante que ce soit dans le domaine finan­cier, poli­tique, entre­pre­neu­rial.
Jean Van Hamme met tout son talent à rela­ter l’ascension de cette famille, les traî­trises, les magouilles, les meurtres mêmes pour arri­ver à ses fins, en l’occurrence celles de Nerio. Mais, ce n’est pas par hasard qu’il fait de celui-ci un homme de petite taille. Cet état motive très sou­vent ceux qui en sont frappé à des excès pour le contre­ba­lan­cer. Il en est ainsi d’hommes poli­tiques qui sévissent actuel­le­ment sur le devant de la scène et qui mettent le sort du monde en triste état.
En racon­tant, en paral­lèle, deux par­cours bien dif­fé­rents, le scé­na­riste relance l’intrigue et génère de beaux moments de ten­sion. Il use, bien sûr, de l’attrait des hommes pour les femmes.

Philippe Ber­thet donne, avec son trait réa­liste, son art de la ligne claire, des pages superbes. Si le décou­page reste assez clas­sique, il s’autorise tou­te­fois quelques fan­tai­sies remar­quables en la matière. Si les décors sont tra­vaillés, docu­men­tés et crayon­nés avec habi­leté par Domi­nique David, ils béné­fi­cient de la touche finale du maître.
Les teintes neutres, par­fois ternes de Mado font mer­veille pour faire res­sen­tir l’atmosphère des situations.

Un tome très effi­cace dans les actions, une véri­table leçon de mana­ge­ment cruel, une his­toire solide et une mise en images redou­ta­ble­ment efficace.

serge per­raud

Jean Van Hamme (scé­na­rio) & Phi­lippe Ber­thet (des­sins), Mado (cou­leurs), La For­tune des Wincz­lav — T.03 : Danitza 1965, Dupuis, coll. “Grand Public”, sep­tembre 2023, 64 p. — 16,95 €.

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée, Chapeau bas

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>