Anecdotique
Fanny et Jean forment un couple idéal : épanouis dans leur vie professionnelle, ils habitent un magnifique appartement dans les beaux quartiers de Paris, s’offrent des week-ends campagnards et semblent amoureux comme au premier jour. Mais lorsque Fanny croise, par hasard, Alain, ancien camarade de lycée, elle chavire. Ils se revoient très vite et se rapprochent de plus en plus. Et forcément tout se complique.
C’est là une situation classique dans les histoires de Woody Allen et ce, au moment où il retrouve Paris et la France. Le pays aime ses films mais pourtant, lorsqu’il y installe sa caméra, il ne retrouve pas forcément le charme et l’humour de ses productions made in New York, Barcelone, Los Angeles ou Londres.
Ce cinquantième long-métrage de Woody Allen, oscille entre comédie légère et thriller et son héros n’est pas sans évoquer (de loin) celui de “Match Point” puisqu’il est prêt à tuer froidement toute personne susceptible de mettre en péril sa vie bourgeoise si difficilement acquise.
Mais entre l’arrivisme de Jonathan Rhys Meyers dans “Match’ Point et le narcissisme psychopathe et mari trompé (Melvil Poupaud), il y a des écarts même si les deux comptent sur la chance pour arriver à leur fin en ayant soin de choisir comme compagnes des oies blanches plutôt bonnes pâtes.
Le parallélisme s’arrête donc vite. Woody Allen tourne pour la première fois en langue française (son film n’ayant que peu de chance d’être distribué aux USA) mais ce film est raté — surtout dans sa première partie. Nous plongeoons dans du théâtre de boulevard plutôt plat en dépit de ses coups d’éclat téléphonés.
Nous sommes bien loin de “Match Point” ou “Crime et délits”. Certes, les paysages d’automne (saison favorite d’Allen) sont léchés mais ce jeu de l’amour et de hasard reste fade. Woody Allen semble fatigué si bien que Lou de Laâge et Niels Schneider semblent errer sans grâce ni indication dans une telle aventure hésitante quant à sa réalisation. Livrés à eux-mêmes par un réalisateur qui s’ennuie peut-être, ils semblent improviser sur le tournage, buttent sur leurs dialogues sans y croire vraiment.
En seconde partie du film, Valérie Lemercier, en détective improbable, et Melvil Poupaud le machiavélique prennent les rênes pour sauver ce qui peut l’être. Mis à part l’ironie corrosive de dénouement, il ne reste toutefois pas grand chose à sauver si ce n’est les lumières veloutées en campagne de Vittorio Storaro et la description caustiques des milieux bourgeois parisiens,
Quant à y trouver “une fable morale toute dostoïevskienne”, c’est pousser le bouchon un peu loin et il faut se replier pour goûter au charme des comédies d’Allen sur ces deux précédents films “Un jour de pluie à New York” (2019) et “Rifkin’s Festival” (2020).
Le réalisateur annonçait l’année dernière que ce “Coup de chance” serait son dernier film. Nous ne savons pas encore s’il tiendra sa promesse, mais ce dernier opus est un coup de trop. Pas question pour autant de jeter le vieux bébé avec l’eau de son bain (de Seine). Ce qu’il nous a offert jusque là reste une page merveilleuse de l’histoire cinématographique.
jean-paul gavard-perret
Coup de chance
De : Woody Allen
Avec : Lou de Laâge, Melvil Poupaud, Niels Schneider
Genre : Thriller, Romance, Drame, Comédie
Durée : 1H33mn
Sortie : 27 septembre 2023
Simple obsolescence . Le réalisateur Woody Allen vieillit . Pas de chance …