Une aventure haute en couleurs !
En 1864, au Mexique, une colonne de fantassins français progresse sous un soleil de plomb dans la région des Terres Chaudes. Parmi ces aventuriers, Félix Sauvage, un jeune lieutenant tranche par son allure de gandin et ses motivations. Des coups de feu alertent la colonne. Sauvage et quelques soldats partent en reconnaissance. Ils découvrent l’attaque et le massacre de l’escorte d’une malle-poste par des Mexicains. Deux d’entre eux s’apprêtent à abuser d’une jeune femme. Révolté par ce qu’il voit, Sauvage, ordonne presque à son capitaine d’intervenir, alors que celui-ci voulait attendre le relâchement d’attention occasionné par le viol. Mais la jeune femme sort un révolver de ses jupons et tue ses agresseurs. C’est le signal et une salve abat les pillards. Seul un homme réussit à s’enfuir, pris en chasse immédiatement par l’intrépide blonde.
Parmi l’escorte, un soldat révèle, avant de mourir, l’existence d’une sacoche fermée par le sceau impérial, à remettre au général Bazaine. Poursuivant sa route, la troupe arrive à l’hacienda d’un aristocrate rallié à l’empereur et découvre un massacre. Alors que les soldats enterrent les morts, installent le bivouac, une meute de Mexicains attaque…
Dans ce premier tome, Yann met en place le cadre de son histoire dans l’Histoire. Il présente le décor, les raisons de la présence de troupes françaises au Mexique, les objectifs de représailles et de conquête voulus par une coalition européenne, dont la France. Il dévoile, également, la cause de la présence du héros, celui-ci ayant juré sur la tombe de ses parents de venger leur honneur bafoué. Il glisse quelques éléments qui éclairent l’intrigue, mais s’appuye surtout sur les combats qui opposent la troupe aux Mexicains. Toutefois, il distille suffisamment de révélations accrocheuses pour mettre son récit en tension. Il fait montre, également, de son goût pour l’humour décapant, grinçant, voire sardonique avec, par exemple, le contenu de la fameuse sacoche pour lequel des hommes se sacrifient et meurent.
Félix Meynet signe son grand retour avec un dessin et une mise en couleurs de toute beauté. Son trait réaliste fait merveille pour la mise en images de cette saga pleine de bruit et de fureur. Il démontre, si besoin était, qu’il ne sait pas que dessiner de ravissantes jeunes femmes, bien que le scénariste ait glissé quelques éléments féminins dans son histoire. Ses scènes de bataille sont saisissantes tant il sait retranscrire la tension des combats, le dynamisme des corps en action.
Les Damnés d’Oaxaca est un premier album au contenu alléchant qui laisse supposer une suite d’une grande qualité tant scénaristique que graphique.
serge perraud
Yann (scénario) & Félix Meynet (dessin et couleur), Sauvage, tome 1 : “Les Damnés d’Oaxaca”, Casterman, septembre 2013, 48 p. – 12,95 €.