Pierre Boisserie, Philippe Guillaume & Stéphane Brangier, L’Or des Belges — Tome

Quand la grande His­toire tutoie le thriller

À l’automne 1939, les auto­ri­tés belges confient à la France leur stock d’or pour le mettre à l’abri des convoi­tises nazies. Il doit par­tir, avec l’or fran­çais, vers les États-Unis. Mais, la défec­tion de l’escorte anglaise modi­fie les plans. C’est ainsi que cet or a été emmené d’abord à Dakar puis trans­féré à Kayes, une bour­gade du Sou­dan fran­çais.
L’accord franco-allemand du 11 décembre 1941, à Wies­ba­den, pré­voit la mise à dis­po­si­tion de l’or belge à la Reich Bank, pro­té­geant ainsi, momen­ta­né­ment, les réserves fran­çaises. Quelques caisses des 4944 sont envoyées par avion à Berlin.

Parce que les voies aériennes et mari­times sont contrô­lées par l’aviation et la marine bri­tan­niques, il est décidé que le reste sera livré par voie ter­restre. C’est un périple de cinq mille kilo­mètres entre voies fer­rées, navi­ga­tion flu­viale et pistes à tra­vers le désert.
C’est ce trans­port, avec toutes les vicis­si­tudes pos­sibles, que raconte ce second tome ajou­tant du piment sup­plé­men­taire avec une belle dose de fic­tion mêlant nombre de per­son­nages his­to­riques comme le roi des Belges, des membres du com­mando du capi­taine Beyney.

On savait que les nazis étaient avides de s’emparer des réserves d’or des pays enva­his pour finan­cer leur éco­no­mie de guerre. Mais, si les his­to­riens ont lar­ge­ment relaté les évé­ne­ments prin­ci­paux, certes très impor­tants, ils ont laissé cer­taines zones d’ombre, quelques sagas qui res­tent encore igno­rées ou peu racon­tées. Et cet épi­sode sur les tri­bu­la­tions de cette for­tune, ce trans­port et ses condi­tions de dérou­le­ment dan­tesques, reste peu connu. C’est donc avec un réel inté­rêt que l’on découvre ces actions qui ont impli­qué des indi­vi­dus plus grands que nature fai­sant pas­ser leurs idéaux avant leur sort per­son­nel, sus­cité tant d’efforts.
Ce récit, bien que lar­ge­ment his­to­rique, devient aussi pal­pi­tant qu’un thril­ler avec l’apport de fic­tion des scé­na­ristes. Pierre Bois­se­rie et Phi­lippe Guillaume traite le sujet avec réa­lisme et lève le voile sur une épo­pée haute en cou­leurs qui n’échappe pas, cepen­dant, aux drames.

Le tra­vail gra­phique de Sté­phane Bran­gier, mêlant une large palette réa­liste avec un peu de cari­ca­ture, sert avec maes­tria cette his­toire. Il pro­pose des pro­ta­go­nistes bien cam­pés, avec une belle per­cep­tion de leurs rôles, les pla­çant dans des décors super­be­ment repré­sen­tés. Son souci du détail apporte un plus non négli­geable.
Ce second volet du dip­tyque est com­plété par un dos­sier éclai­rant qui retrace le che­mi­ne­ment his­to­rique de cet or. Une belle his­toire dans l’Histoire que cette épo­pée d’un vrai tré­sor dont il fut dif­fi­cile, après la vic­toire des Alliés, de retrou­ver la totalité.

serge per­raud

Pierre Bois­se­rie & Phi­lippe Guillaume (scé­na­rio), Sté­phane Bran­gier (des­sin et cou­leurs), L’Or des Belges — Tome 2, Dar­gaud, sep­tembre 2023, 64 p. — 16,95 €.

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>