Pinar Selek est exilée en France depuis 2011. La stambouliote sociologue, militante, féministe et antimilitariste est victime du système répressif turc et elle reste sous le coup d’un mandat d’arrêt international délivré à son encontre par la Turquie.
Son “crime” : une enquête sur le service militaire obligatoire dans son pays. Et Le chaudron militaire turc illustre comment ce système trouve divers mécanismes pour formater en les dépersonnalisant les individus soumis à l’absurdité et l’arbitraire des ordres comme au nationalisme et au culte du pouvoir.
Par recoupements et échos, ces textes d’enquêtes et d’analyses — auprès d’homme d’âges, d’origine géographies et milieux différents — créent une synchronie “désarmante”. Elle fonctionne selon différents ricochets qui interrogent la politique dans ses différentes “fictions” qui deviennent des réalités.
L’essai de Pinar Selek propose donc une narration du réel bien différente de celle de l’idéologie “officielle”. Ces textes ne contribuent pas à la «publicité» de celle-ci relayée par les médias eux-mêmes sous la coupe du pouvoir.
Son auteure le déconstruit et impose un renouvellement et une évolution voire une révolution au sein des involutions de ses écrits. Plutôt que de vouloir réguler ce qui est, l’auteure informe sur ce qu’il est. De France, elle continue son combat. Et publie parallèlement à ce livre une version audio (dit par Ariane Ascaride) de son roman Azucuena ou les fourmis zinzines.
jean-paul gavard-perret
Pinar Selek,
- Le Chaudron militaire turc, Editions des femmes — Antoinette Fouque, Paris, octobre 2023, 80 p. — 10,00 €.,
- Azucena ou les fourmis zinzines, même éditeur, septembre 2023.