Edwarda est une revue (elle en est à son quinzième numéro) et aussi une collection de livres (le plus récent : Taille Patron, de Dominique Ristori). Et peu à peu, cette revue baptisée sous l’égide de Bataille et sa vision de l’érotisme élargit son domaine premier tout en restant néanmoins sous ses fondamentaux.
Sam Guelimi l’a créée dans l’esprit d’un féminisme élargi loin d’un militantisme étroit et pour l’éloge de la liberté dans lequel se retrouve des auteures telles que Véronique Bergen. L’objectif est d’aller ensemble vers la beauté, la diversité des corps, des expériences et des désirs même lorsque cela est considéré comme obscène, condamnable.
Ici, les femmes s’aiment autant entre elles qu’avec les hommes, le tout pour mettre en acmé le génie féminin qui ne se mesure pas seulement à l’aune du corps et sa sexualité mais aussi du corps social qui le réveille ou l’éteint.
C’est pourquoi il convient d’explorer ce domaine. Sam Guilemi et celles et ceux qui l’entourent sont là pour le faire et en ouvrir l’espace là où la vie peut être la plus intense et la plus libre.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Mes enfants.
D’où venez-vous ?
D’un clan formé par quatre mousquetaires, ma mère, mes deux sœurs et moi.
Qu’avez-vous reçu en “héritage” ?
Ma mère décédée nous a laissé la solidarité en héritage.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Lire à voix haute .
Comment est née Edwarda et pourquoi ?
Les livres, après un grand naufrage familial, m’ont ramenée à la surface. Remèdes à la précarité affective et matérielle à cette époque de ma vie, ils m’ont d’abord permis de vivre mieux ma solitude puis de partager avec les autres : entrent en scène alors l’être aimé, et mes amis John Jefferson Selve à mes côtés aux débuts de l’aventure mais aussi Dominique Ristori et Véronique Bergen dont l’attention a été captée grâce à la cravate que portait Regina sur la première couv…
Comment définiriez-vous l’érotisme ?
L’érotisme, c’est la présence .
Quelle influence les théories littéraires (ou autres) ont sur lui ?
Elles permettent d’habiter son corps et ainsi l’essence qui nous définit nous permet de moins craindre les changements à venir.
Quel poids représente le passé dans votre oeuvre ?
Le passé c’est surtout l’évolution, les différentes métamorphoses (lentes ou immédiates). A l’image d’un métier à tisser.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Ma mère et sa poudre de khôl ou plutôt son reflet dans le miroir devant lequel elle l’appliquait.
Et votre première lecture ?
Première lecture que l’on m’ait faite : les grandes histoires communes aux trois religions abrahamiques.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Dylan, Idir et Nina Simone : trop souvent.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Albertine disparue.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La Kabylie. Je n’y suis jamais allée et l’Algérie est donc le pays fantasmé, aimé et craint . Pour vous donner une idée, je lis en ce moment Signes et rituels des femmes kabyles de Makilam.
Que défendez-vous ?
J’ai aimé « votre droit à être pour toutes les femmes »
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je l’ai beaucoup aimée longtemps…
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
La réponse idéale que pourrait m’adresser un contributeur suite à l’invitation d’écrire … ça veut dire qu’il est disposé à recevoir les règles du jeu…
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret, pour lelitteraire.com,le 20 septembre 2023.