L’histoire de Hans Bellmer commence lorsque, devant la porte de la chambre interdite, “Hans connaît l’angoisse exquise, celle du contrebandier novice “hésitant au pied d’un talus frontière, celle d’Ali Baba gorge nouée avant de prononcer le sésame, ou celle de l’épouse de Barbe-Bleue qui serre dans son poing la petite clé du cabinet maudit.“
La tentation est déjà là. Et soudain,“Sur une pile de draps une poupée en robe de dentelle semblait dormir depuis longtemps.” la dormeuse l’éveille et d’une certaine manière, lui, ne trouvera plus le sommeil.
Ainsi va s’ouvrir une grande histoire de l’art. Celle de dessins magistraux et de gravures prodigieuse mais qui effraient le commun des mortels. Ce sont là le cruel trésor et héritage de Bellmer.
Joseph Nosarzewski — à travers une collection d’image de l’artiste et de ses oeuvres — en donne une superbe poétique. Il avance près du corps féminin –comme l’auteur le souligne — pas à pas, ouvrant l’une après l’autre ses propres portes de l’espérance et de l’angoisse dans le sortilège des formes et des signes où jaillit le paradis secret de l’enchantement
Exit madones, fermières, servantes ou baronnes, pour des femmes qui font suivre un chemin complice mais, et contrairement à ce qu’on dit, à “l’écart des tapis carmins / Pour pieds frôleurs chaussés de vices.”. De telles femmes ont “les pieds tout près du cœur / Quand ils dansent sous les orages / Quand ils cherchent le vrai bonheur /Sur un chemin près des nuages”.
Et un tel livre leur rend hommage comme il permet la plus belle approche d’un tel artiste.
jean-paul gavard-perret
Joseph Nosarzewski, Hans Bellmer, Editions Douro, Paris, septembre 2023, 90 p.