Bruno Dax est en vacances et bien décidé à le rester malgré les appels d’un certain Driss. Avant de partir pour la Polynésie, ce nageur de combat rejoint son ami Pol Nazaire, un catcheur professionnel pour un défi sur un polyparcours. Bruno, au terme de sa course, dont il sort vainqueur, est accueilli par Driss Bouira, le général commandant la section subaqua dont Bruno fait partie. Fini les vacances ! Il doit accomplir une mission urgente : explorer et sécuriser une large zone du Pacifique Nord, qui est l’épicentre d’une mutation soudaine. Mondialement, l’eau gèle à une température de plus en plus basse. Partout, les glaciers géants sont en proie au dégel, des inondations menacent toutes les zones côtières. Si le phénomène n’est pas inversé rapidement, vingt-cinq pour cent des terres seront ravagées par de gigantesques tsunamis. Son avion, à l’aéroport d’Oran, étant en retard, il décide de prendre un café et partage une table avec une jeune femme.
Un appel de Driss le prévient qu’une vague géante va submerger la zone. Prenant la femme par la main, il l’entraîne sans ménagements jusqu’à un aérotaxi d’où ils peuvent mesurer l’ampleur de la catastrophe. Des scientifiques ont détecté l’apparition d’étranges créatures. La mutation brutale serait-elle due à une intelligence supérieure plutôt qu’à un dérèglement structurel ? Il y a urgence et Bruno doit absolument trouver la cause avant que…
Denis Lapière donne à son propos une orientation très futuriste, incluant de façon très moderne des thèmes actuels, tout en gardant l’esprit et le cheminement que Stefan Wul avait donné à son roman au titre éponyme. Celui-ci est paru en 1957, sous le numéro 96, de la collection Anticipation du Fleuve Noir, une collection qui compte 2001 volumes, avec nombre de titres d’une grande qualité romanesque. Il applique également cette modernité dans le traitement du sujet, dans le vocabulaire employé, mais sait rester fidèle à l’intrigue du roman, à tout ce qui fait l’intérêt d’un roman de Stefan Wul : imagination débordante, intrigue subtile menée de main de maître, art du récit, sujet innovant d’anticipation et une capacité à créer, dès le début une tension qui ne se dément pas. Le scénariste brosse, à travers son adaptation, une vision écologique plus apparente que dans l’œuvre originale.
Mathieu Reynès signe un graphisme d’une grande beauté, des décors fabuleux, des planches d’une qualité remarquable. Pour son dessin, il reprend les codes du roman d’aventures, à savoir un héros au physique de culturiste, à la mâchoire carrée, au menton volontaire. Il lui affecte un toupet presque identique à celui de Tintin, toupet qui n’accepte de s’affaisser que lorsqu’il sort de l’eau.
Avec ce premier tome de La peur géante, le quatrième roman de Stefan Wul adapté en BD dans cette collection, la qualité perdure, créant une mosaïque d’une grande beauté tant dans le graphisme que dans l’adaptation des intrigues. L’éditeur annonce la parution prochaine du Temple du passé, de Rayon pour Sidar et de Retour à O. Que du bonheur en perspective !
serge perraud
Denis Lapière (scénario d’après le roman éponyme de Stefan Wul), Mathieu Reynès (dessin), Aintzane Landa Chillon et Pédro Colombo (couleur), La peur géante, tome 1 : “La révolte des océans”, Ankama Éditions, coll “Les Univers de Stefan Wul”, octobre 2013, 56 p. – 13,90 €.