Pauses
Gino Ferri propose une autofiction où la littérature est remplacée par les images. Il réinvente la vie en un mixage entre réalité et imaginaire. Le résultat demeure très construit, même si l’ensemble est sinueux.
Les amorces viennent des situations photographiées en une sorte de hasard manœuvré et fabriqué à partir de scène vues. Le but n’est pas seulement de rechercher un effet ludique mais de découvrir une anti-rhétorique esthétique. Celle-ci devient le moyen de détourner le ronron du réel avec une certaine ironie.
Converti en image, le réel se transforme en cornes de gazelle de l’art là où — en un suprême paradoxe — le contexte est à jamais superflu et tout autant prégnant mais comme sans y toucher.
L’autofiction plastique n’a rien d’une autosatisfaction. Se chargeant de mettre en branle des courts-circuits et digressions, elle refuse avec humour toute cristallisation des procédés de style.
Elle donne des armes pour briser tout statu quo au sein d’un “arrangement” dans et par ce qui en art est incertain, bancal, dérisoire. Ou considéré (à tort) comme tel.
jean-paul gavard-perret
Gino Ferri, C’est l’été, L’oeil de la Photographie, Paris, août 2023.