La séductrice en noir
N’écoutons pas Mariette. Car parlant de son oeuvre, elle fait son miel d’une sorte de sainteté et d’une série d’images quasi pieuses et maternantes qui n’auraient rien d’inquiétantes. Elle se veut donc vierge de tout soupçon.
Pour autant, ses gnomes, lutins et lutines pleins de malice agissent sur nous selon une quasi perversité freudienne qui gauchit à dessein la psyché. Il y a là des figures de destins qui échappent jusqu’aux intentions de l’artiste en ses travaux de quêtes, montages et bandages (qui n’ont rien d’un bondage).
L’artiste fait jaillir un inconnu en nous par ses femmes. Nous descendons en la psyché humaine. Nous écartant des présupposés de l’artiste, nous découvrons en ses poupées fascinantes qu’un certain mal est en nous. Mariette — sans la savoir — s’en fait l’écho en produisant de l’inconnu et du mystère entre la vie et la mort, entre le plus primitif et le plus dystopique des arts.
Dès lors, là où la créatrice voit du paradis peuvent se contempler l’enfer et ses trous dans la tête (mais pas seulement). Nous sommes engouffrés dans les formes paroxysmiques et quasi gothiques qui surgissent pour architecturer et enfanter la vie mais pas forcément celles des anges - sinon ceux du bizarre.
Preuve que le beau, chez elle comme chez Baudelaire, l’est toujours.
jean-paul gavard-perret
Mariette , Destin de l’âme, Château de l’Arthaudière, 38840 Saint-Bonnet-de-Chavagne, du 1er au 24 septembre 2023.
Mariette Ô Mariette délivrez nous de nos pensées que vous savez si bien transfigurer … Et que JPGP décline aisément .