David Besschops, Trou commun

A cou­per le souffle

Sous le même Je, sept per­son­nages com­posent un roman fami­lial ico­no­claste, dra­ma­tique et corus­cant. “Qu’il l’ait vécu ou non, David Bes­schops témoigne que le pire se porte bien !”, pré­cise l’éditeur non sans rai­son. Cha­cun des (anti) héros s’acharne à trou­ver des moyens et tra­ves­tir l’existence — ou de la feindre avec l’espoir d’une sorte de séré­nité même s’il ne dépasse que d’une tête, un bout de ficelle.

Ce que l’auteur écrit ici coupe le souffle. L’ironie est sa tasse athée. Elle rend les fins de moi de ses per­son­nage juste un peu moins dif­fi­ciles. Et cela empêche tout lec­teur de s’endormir dans des lits de ratures. Poly-chineur en mul­tiples tiroirs et autres ori­fices, l’auteur pro­pose des annales dans les trous où ses per­son­nages s’enfilent et ceux qu’il pro­duit dans la langue.

Le roman­cier ne se met pas for­cé­ment à nu en sa lit­té­ra­ture mais il mani­feste une appé­tence pour tout ce qui s’oppose à des dis­tinc­tions sublimes. Sauf une : celle de l’écriture. Elle donne un coeur pha­né­ro­game et une visi­bi­lité à ce que d’aucuns esti­me­ront indé­cence mais où se forme une force : un autre même se détache du même pour être lui-même.

jean-paul gavard-perret

David Bes­schops, Trou com­mun, Fata Mor­gana, coll. Argol, Font­froide le haut, 2023, 288 p. — 18,30 €.

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Filed under Chapeau bas, Poésie

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