Olivier Supiot & Damien Geffroy, Les cowboys sont toujours à l’Ouest

Le peuple des grandes plaines revisité

L’uni­vers du Far West et toutes les légendes qu’il a nour­ries prête sa richesse à de mul­tiples visions. Le mythe du cow­boy au grand cœur prêt à tout pour défendre la veuve et l’orphelin a vécu et les auteurs explorent des domaines sans doute plus proches de la réa­lité.
C’est avec cette approche qu’Olivier Supiot pro­pose une suite de dix nou­velles qui débute lorsque Melle Wal­loughs­tone se rend, à New York, chez le der­nier cow­boy devenu mil­liar­daire pour écrire sa biographie.

Il pos­sède une col­lec­tion de tableaux illus­trant l’esprit de l’histoire ou de l’anecdote qu’il raconte à la jeune femme, des sou­ve­nirs de son passé d’aventurier. La pre­mière de ces his­toires relate les retrou­vailles entre des enfants et leur père, enfin pas tous les enfants… La sui­vante porte pour titre Chas­seur déprime et raconte la malé­dic­tion qui frappe un homme, malé­dic­tion qui entraîne de sérieux dégâts dans une cer­taine popu­la­tion…
C’est Betsy, une jeune femme sul­fu­reuse, le cou­sin de Buf­falo Bill, la colère du lapin, un fort en folie… On meurt beau­coup dans ces his­toires car la vio­lence sous toutes ses formes donne le tempo des dif­fé­rents récits au contenu très varié. Avec un humour acerbe, le scé­na­riste met en scène ces cow­boys bien éloi­gnés de ceux que John Wayne a immor­ta­li­sés. C’est drôle, acide, avec des situa­tions presque ubuesques. Les patro­nymes de per­son­nages sont tru­cu­lents. Le titre inter­roge car est-ce une simple affir­ma­tion ou emprunte-t-il à l’expression qui signi­fie avoir la tête ailleurs, être à côté de la plaque ?

Damien Gef­froy assure un des­sin décalé, cari­ca­tu­ral pour mieux faire expri­mer des états d’âmes bien noires, des sen­ti­ments peu relui­sants. Chaque nou­velle est annon­cée par un tableau en pleine page. Les décors sont sou­vent justes esquis­sés, la prio­rité était, semble-t-il, la mise en avant des pro­ta­go­nistes et de leurs trognes.
Laure Duran­delle assure une mise en cou­leurs aux teintes neutres, en syner­gie avec celles qui avaient la pri­meur dans les grandes plaines.

Un album attrayant où un monde est passé au crible de l’humour, un humour noir à sou­hait, sou­tenu par des dia­logues déca­lés et un gra­phisme por­teur de l’esprit des histoires.

serge per­raud

Oli­vier Supiot (scé­na­rio), Damien Gef­froy (des­sin) & Laure Duran­delle (cou­leurs), Les cow­boys sont tou­jours à l’Ouest, Fluide Gla­cial, août 2023, 56 p. — 15,90 €.

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