Un pays d’irréguliers de la langue
Proche volontairement du bégaiement et de la glossolalie ou plutôt illustrant ce qu’elle peut générer, il s’agit ici de montrer, par différentes approches, ce que le non-dit tait même si tout parle — “de l’inflexion d’une paupière au ratatinement d’un légume déshydraté.“
La revue Papier Machine (née à Bruxelles il y dix ans) poursuit ainsi sa quête de ce qui se cache sous différentes formes de banalité chaque fois soumises à une trentaine d’écrivains d’horizons variés.
Ce “hors série” le prouve. S’y retrouvent par exemple un plaidoyer pour donner la parole aux arbres dans les cours de justice mais aussi quelques clés pour comprendre l’esquive en poésie.
Sous l’habillage graphique de Sébastien Gairaud, de telles contributions et leurs perspectives transversales permettent de jointoyer la littérature, la poésie, la philosophie, le dessin, l’astrophysique, etc.
La langue y reste à la fois terrain de jeu logomachique et d’exploration là où la réflexion rejoint l’émotion comme la gravité jouxte l’humour. Preuve qu’une fois de plus la Belgique demeure bien le pays des irréguliers de la langue.
jean-paul gavard-perret
Collectif, Papier Machine hors-série — Dire Mot, vol. 1, éditions Papier Machine — Bazshibouzouk, Schaerbeek (Belgique), 2023, 97 p.