Quand les bluettes se retirent
Ayant localisé entre autres la Fée Morgane et la dame du Lac arthurienne, l’auteur — dans un mixage de personnages, divinités et légendes du sud et du nord — crée des vignettes elles– mêmes couronnées d’images qui sont autant de dithyrambes propres à mettre, par des sortes de dé-contes et de leurres dans les mythologies, un théâtre intime dans ce qui se veut la réunion de manuscrits dont “Limnaios” est la première approche.
L’auteur propose ainsi un patchwork sans véritable chronologie (enfin presque) où tout peut se réagencer selon une sorte de théorie de la relativité générale. Les associations spatio-temporelles sont donc libres là où la déesse Angélique, Gaspard le Vaurien Christoffo, l’aventurier et d’autres déesses et gredins trépignants sans oublier la Dame du Lac des plus situationnistes prouvent que, d’une certaine manière, le temps n’existe plus ou mal en une telle parade.
Il y a là, contrairement à ce que pensait Einstein, des simultanéités plus ou moins confondantes là où les plus fines des mouches peuvent être vouées à l’échec sans que cela ne les désespère. D’autant que des cours exclusivement féminines sont là pour attirer certains dieux et les gober.
Le tout avant que, par un grand capharnaüm peuplé de bluettes et de gredins, l’auteur amorce un pot aux roses où la littérature s’amuse. Qu’importe alors si les liens caressés ne sont en rien d’une démarche rationnelle mais appartiennent à la connaissance imaginative où Dieu et les gueux ne sont que bouche-trous cognitifs.
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jean-paul gavard-perret
Patrick Ducler, Mémoires du lac, ¨Premier volume, Limnaios, Editions Esdée, Camoël, 2022, 86 p. — 15,00 €.