BEKA & José Luis Munuera, Les Cœurs de ferraille — t.02 : “L’Inspiration”

Plus humains que les humains

Cet uni­vers uchro­nique se déroule dans un État du sud des États-Unis. Les robots huma­noïdes coha­bitent avec les humains. Ils tra­vaillent dans les plan­ta­tions, aux champs ou dans les riches demeures comme per­son­nel de mai­son. Halfa s’inquiète du pou­voir des mots quand ceux-ci dési­gnent des per­sonnes méca­niques en oppo­si­tion aux per­sonnes organiques.

La petite Eva voit ses parents assas­si­nés par deux robots. L’un d’eux, cepen­dant, regrette que la femme ait été tuée. Eva, cachée, échappe aux meur­triers. Sur sa route elle trouve un chiot et le calme en lui affir­mant qu’ils vont s’en sor­tir.
Quelques années plus tard, un couple vivant dans une belle demeure part pré­ci­pi­tam­ment après que l’homme ait lu son cour­rier. C’est Eva qui a glissé un mes­sage très inquié­tant. Elle prend pos­ses­sion de la mai­son. C’est ainsi qu’elle fonc­tionne, récu­pé­rant au pas­sage quelques babioles qu’elle revend chez un brocanteur.

Halfa, ce riche plan­teur, craint le rem­pla­ce­ment des humains par les robots. Pour lui, ils doivent obéir et ne pas réflé­chir. Or, des robots se réunissent le soir pour écou­ter l’un d’eux leur lire des pages d’un livre. Ce sont les exem­plaires de ce livre qu’Halfa fait tra­quer, ainsi que leur auteur. Mais, quand Eva, dans un de ses squats, tombe sur un exem­plaire, elle est séduite.
Or, ceux qui sont en pos­ses­sion d’un tel ouvrage sont exé­cu­tés par les tueurs…

Surfant sur la robo­ti­sa­tion qui avance à grands pas, sur l’émergence de ces Intel­li­gences Arti­fi­cielles dont les capa­ci­tés encore bal­bu­tiantes laissent sup­po­ser la prise d’un véri­table pou­voir, les scé­na­ristes déve­loppent un monde qui s’appuie sur des thé­ma­tiques très actuelles. Mais, ils donnent aux machines une cer­taine huma­nité, la pos­si­bi­lité de faire res­sen­tir des émo­tions, non avec un visage réduit à sa plus simple expres­sion, mais avec une ges­tuelle très par­lante.
Le scé­na­rio fait une belle et grande place au livre en tant que sup­port d’idées, en tant qu’objet et à ceux qui les écrivent. Les auteurs font pas­ser ainsi des mes­sages judi­cieux sur la lec­ture, ses apports, sur l’inspiration qui est à l’origine de l’écriture. Don­ner cette pos­si­bi­lité à des IA ouvre des pers­pec­tives soient attrayantes, soient effrayantes.

Le des­sin est assuré par José Luis Munuera, ce for­mi­dable créa­teur gra­phique, qui donne vie à ces robots, leur fai­sant expri­mer des sen­ti­ments par une ges­tuelle appro­priée. Il conçoit tout un peuple de robots réus­sis­sant à leur don­ner une iden­tité. Sa mise en page tonique res­ti­tue toute la ten­sion de l’histoire.
Sedyas réa­lise la mise en cou­leurs, uti­li­sant une gamme de teintes qui étaient celles en usage à l’époque et fait chan­ter les dif­fé­rentes ambiances du récit.

Ce second tome confirme tout l’intérêt de cette série, même si l’usage de moyens sophis­ti­qués est plus res­treint mais cor­res­pond par­fai­te­ment au thème déve­loppé. Une belle his­toire en ten­sion, un gra­phisme remar­quable concourent à faire de cet album une superbe réussite.

serge per­raud

BeKa — Caro­line Roque et Ber­trand Escaich (scé­na­rio), José Luis Munuera (scé­na­rio et des­sin), Sedyas (cou­leurs), Les Cœurs de fer­raille — t.02 : L’Inspiration, Dupuis, coll. “Tous Publics”, juin 2023, 72 p. — 14,50 €.

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