Extinction (Thomas Bernhard, Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal / Julien Gosselin)

© Chris­tophe Ray­naud de Lage

Quand l’Europe a bas­culé dans le vide

D’abord, la scène est inves­tie par deux DJs qui inondent l’espace de gros son House. C’est une teuf, à laquelle il est pré­fé­rable de par­ti­ci­per, de boire de la bière et de dan­ser dans la cour du lycée, élèves enfié­vrés par ce set impro­visé qui se pro­longe. Sur la piste, la caméra suit avec insis­tance des per­sonnes dont on pressent qu’elles n’appartiennent pas au public.
Durant le pre­mier entracte, c’est un décor clas­sique, un domi­cile de style art nou­veau qui est ins­tallé, dont on dis­tingue les pièces, mais dont les parois se ferment inexo­ra­ble­ment à nos regards, ne lais­sant sub­sis­ter que deux entrées laté­rales, aux toi­lettes et à la salle de bains. Il est entouré de plu­sieurs écrans vidéo, comme si l’on vou­lait jouer sur tous les tableaux, en satu­rant l’espace d’un redou­ble­ment du décor.

La deuxième par­tie pré­sente, fil­mée, une soi­rée mon­daine, qui se déroule sous nos yeux, mais déro­bée par le décor. Les dia­logues sont sou­vent d’une bana­lité affli­geante, mais la caméra s’efforce de sai­sir sur le visage des comé­diens, en gros plan, ce qui n’est pas dit, ce qui est le propre de chaque per­son­nage en même temps que cela lui échappe.
La ten­sion est main­te­nue comme en sus­pen­sion, vers on ne sait pas quoi, c’est une forme de malaise, d’abîme des conve­nances qui est mon­tré. Cela dure tant qu’on finit par s’interroger, s’inquiéter de cette per­pé­tua­tion incon­sis­tante. C’est peut-être même cela l’objet de la repré­sen­ta­tion. Heu­reu­se­ment, cela finit par des scènes trash à sou­hait, comme accom­plis­sant l’orientation du spec­tacle, sans tou­te­fois la résoudre.

Lors du troi­sième et der­nier moment, la scène semble accueillir un pla­teau de télé­vi­sion. Comme au début de la repré­sen­ta­tion, les spec­ta­teurs sont invi­tés à mon­ter sur scène, mais en nombre encore plus contin­genté, pour s’installer autour de la per­sonne qui va se livrer à une longue, pro­fonde et dif­fi­cile confes­sion, reliant les traits de son his­toire aux fils san­glants de l’histoire.
Une fois encore, le pro­pos s’impose comme pesant et redon­dant. Julien Gos­se­lin pré­sente un spec­tacle pré­gnant, mar­quant, mais sem­blant se jouer des codes de la théâ­tra­lité pour les remettre en ques­tion. Bien que tra­ver­sés par la suc­ces­sion des tableaux, on a eu affaire à un concert, ensuite à un film, puis à une inter­view, comme si le mon­tré ne pou­vait que s’échapper au regard qui le traque.

chris­tophe giolito 

Extinc­tion

d’après Tho­mas Bern­hard, Arthur Schnitz­ler, Hugo von Hofmannsthal

Adap­ta­tion et mise en scène Julien Gosselin

Avec Guillaume Bachelé, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Carine Goron, Zarah Kofler, Rosa Lem­beck, Vic­to­ria Ques­nel, Marie Rosa Tiet­jen, Maxence Van­de­velde, Max Von Mechow.

Dra­ma­tur­gie Eddy d’Aranjo, Johanna Höh­mann ; tra­duc­tion Henri Chris­tophe, Phi­lippe For­get, Pierre Galis­saires, Gil­berte Lam­brichs, Anne Per­nas Fran­cesca Spi­nazzi, Pan­thea ; musique Guillaume Bachelé, Maxence Van­de­velde ; scé­no­gra­phie Lisetta Buc­cel­lato ; lumière Nico­las Jou­bert ; son Julien Feryn ; vidéo Jéré­mie Ber­naert, Pierre Mar­tin Oriol ; cos­tumes Caro­line Taver­nier assis­tée de Mar­jo­laine Man­sot ; cadre vidéo Jéré­mie Ber­naert, Bau­douin Ren­cu­rel ; assis­ta­nat à la mise en scène Sarah Cohen, Max Pross ; acces­soires Lisetta Buc­cel­lato, David Ferré, Antoine Hes­pel, Yvonne Schulz, Car­lotta Schuh­mann ; éta­lon­nage Laurent Ripoll ; régie géné­rale et pla­teau Simon Hara­tyk, Guillaume Lepert ; régie lumière Zélie Cham­peau, Manon Meyer ; régie son Manon Poi­rier ; régie vidéo David Dubost, Phi­lippe Suss ; sur­titres vidéo Anne Per­nas ; script vidéo Elsa Rev­co­lev­schi ;  stages tech­niques Marine Banal, Alix Capos­sela ; admi­nis­tra­tion, pro­duc­tion, dif­fu­sion Eugé­nie Tes­son ; orga­ni­sa­tion tour­née, actions cultu­relles Marion Le Strat ; admi­nis­tra­tion Oli­vier Pou­jol ; direc­tion tech­nique Nico­las Ahs­saine.
Avec la par­ti­ci­pa­tion des équipes de Si vous pou­viez lécher mon cœur et de Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz.
Avec la par­ti­ci­pa­tion artis­tique du Jeune Théâtre natio­nal
Troi­sième par­tie du spec­tacle basée sur le roman Extinc­tion : un effon­dre­ment de Tho­mas Bernhard

Fes­ti­val d’Avignon, Cour du lycée Saint-Joseph 62, rue des Lices 84000 Avignon

Les 7, 9, 10, 11 et 12 juillet 2023 à 21h30, durée 5h.

Spec­tacle en fran­çais et en alle­mand, sur­ti­tré en français.

Tour­née

Le 7, 8, 10, 14 sep­tembre 2023 à la Volksbüne am Rosa-Luxembourg-Platz à Ber­lin ; les 7, 8, 20, 21 octobre à la Volksbüne am Rosa-Luxembourg-Platz à Ber­lin ; les 10 et 11 novembre au deSin­gel à Anvers ; le 18 novembre 2023 au Phé­nix Scène natio­nale à Valen­ciennes ; du 29 novembre au 6 décembre 2023 au Théâtre de la Ville à Paris ‚ les 5 et 6 jan­vier 2024 à la Volksbüne am Rosa-Luxembourg-Platz à Ber­lin ; les 23 et 24 mars 2024 aux Théatres de la ville de Luxembourg ;

Pro­duc­tion Si vous pou­viez lécher mon coeur, Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz
Copro­duc­tion Prin­temps des Comé­diens (Mont­pel­lier), Wie­ner Fest­wo­chen, Le Phénix Scène Natio­nale Valen­ciennes pôle européen de création, Fes­ti­val d’Automne à Paris, Fes­ti­val d’Avignon, Théâtre Nanterre-Amandiers, Théâtre de la Ville Paris, Mai­son de la culture d’Amiens, Théâtre de la Ville de Luxem­bourg, De Sin­gel Anvers
Avec le sou­tien du minis­tère de la Culture et pour la 77e édi­tion du Fes­ti­val d’Avignon : Spe­di­dam
Avec l’aide du Chan­nel de Calais, Odéon-Théâtre de l’Europe (Paris), École du Théâtre natio­nal de Stras­bourg
Construc­tion du décor Volksbühne, Ate­liers Devi­neau
Avec la par­ti­ci­pa­tion artis­tique du Jeune Théâtre Natio­nal
Remer­cie­ments Laurent Hatat, Anima Motrix, Théo Vel­las et Georges

Julien Gos­se­lin et Si vous pou­viez lécher mon cœur sont artistes associés au pôle européen de création, le Phénix scène natio­nale Valen­ciennes et au Théâtre Nanterre-Amandiers. Julien Gos­se­lin est quant à lui artiste asso­cié à la Volksbühne de Berlin

Si vous pou­viez lécher mon cœur est sou­tenu par le minis­tère de la Culture Drac Hauts-de-France et par la Région Hauts-de-France.
Tho­mas Bern­hard est repré­senté par L’Arche – agence théâtrale.

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