© Christophe Raynaud de Lage
Quand l’Europe a basculé dans le vide
D’abord, la scène est investie par deux DJs qui inondent l’espace de gros son House. C’est une teuf, à laquelle il est préférable de participer, de boire de la bière et de danser dans la cour du lycée, élèves enfiévrés par ce set improvisé qui se prolonge. Sur la piste, la caméra suit avec insistance des personnes dont on pressent qu’elles n’appartiennent pas au public.
Durant le premier entracte, c’est un décor classique, un domicile de style art nouveau qui est installé, dont on distingue les pièces, mais dont les parois se ferment inexorablement à nos regards, ne laissant subsister que deux entrées latérales, aux toilettes et à la salle de bains. Il est entouré de plusieurs écrans vidéo, comme si l’on voulait jouer sur tous les tableaux, en saturant l’espace d’un redoublement du décor.
La deuxième partie présente, filmée, une soirée mondaine, qui se déroule sous nos yeux, mais dérobée par le décor. Les dialogues sont souvent d’une banalité affligeante, mais la caméra s’efforce de saisir sur le visage des comédiens, en gros plan, ce qui n’est pas dit, ce qui est le propre de chaque personnage en même temps que cela lui échappe.
La tension est maintenue comme en suspension, vers on ne sait pas quoi, c’est une forme de malaise, d’abîme des convenances qui est montré. Cela dure tant qu’on finit par s’interroger, s’inquiéter de cette perpétuation inconsistante. C’est peut-être même cela l’objet de la représentation. Heureusement, cela finit par des scènes trash à souhait, comme accomplissant l’orientation du spectacle, sans toutefois la résoudre.
Lors du troisième et dernier moment, la scène semble accueillir un plateau de télévision. Comme au début de la représentation, les spectateurs sont invités à monter sur scène, mais en nombre encore plus contingenté, pour s’installer autour de la personne qui va se livrer à une longue, profonde et difficile confession, reliant les traits de son histoire aux fils sanglants de l’histoire.
Une fois encore, le propos s’impose comme pesant et redondant. Julien Gosselin présente un spectacle prégnant, marquant, mais semblant se jouer des codes de la théâtralité pour les remettre en question. Bien que traversés par la succession des tableaux, on a eu affaire à un concert, ensuite à un film, puis à une interview, comme si le montré ne pouvait que s’échapper au regard qui le traque.
christophe giolito
Extinction
d’après Thomas Bernhard, Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal
Adaptation et mise en scène Julien Gosselin
Avec Guillaume Bachelé, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Carine Goron, Zarah Kofler, Rosa Lembeck, Victoria Quesnel, Marie Rosa Tietjen, Maxence Vandevelde, Max Von Mechow.
Dramaturgie Eddy d’Aranjo, Johanna Höhmann ; traduction Henri Christophe, Philippe Forget, Pierre Galissaires, Gilberte Lambrichs, Anne Pernas Francesca Spinazzi, Panthea ; musique Guillaume Bachelé, Maxence Vandevelde ; scénographie Lisetta Buccellato ; lumière Nicolas Joubert ; son Julien Feryn ; vidéo Jérémie Bernaert, Pierre Martin Oriol ; costumes Caroline Tavernier assistée de Marjolaine Mansot ; cadre vidéo Jérémie Bernaert, Baudouin Rencurel ; assistanat à la mise en scène Sarah Cohen, Max Pross ; accessoires Lisetta Buccellato, David Ferré, Antoine Hespel, Yvonne Schulz, Carlotta Schuhmann ; étalonnage Laurent Ripoll ; régie générale et plateau Simon Haratyk, Guillaume Lepert ; régie lumière Zélie Champeau, Manon Meyer ; régie son Manon Poirier ; régie vidéo David Dubost, Philippe Suss ; surtitres vidéo Anne Pernas ; script vidéo Elsa Revcolevschi ; stages techniques Marine Banal, Alix Capossela ; administration, production, diffusion Eugénie Tesson ; organisation tournée, actions culturelles Marion Le Strat ; administration Olivier Poujol ; direction technique Nicolas Ahssaine.
Avec la participation des équipes de Si vous pouviez lécher mon cœur et de Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz.
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre national
Troisième partie du spectacle basée sur le roman Extinction : un effondrement de Thomas Bernhard
Festival d’Avignon, Cour du lycée Saint-Joseph 62, rue des Lices 84000 Avignon
Les 7, 9, 10, 11 et 12 juillet 2023 à 21h30, durée 5h.
Spectacle en français et en allemand, surtitré en français.
Tournée
Le 7, 8, 10, 14 septembre 2023 à la Volksbüne am Rosa-Luxembourg-Platz à Berlin ; les 7, 8, 20, 21 octobre à la Volksbüne am Rosa-Luxembourg-Platz à Berlin ; les 10 et 11 novembre au deSingel à Anvers ; le 18 novembre 2023 au Phénix Scène nationale à Valenciennes ; du 29 novembre au 6 décembre 2023 au Théâtre de la Ville à Paris ‚ les 5 et 6 janvier 2024 à la Volksbüne am Rosa-Luxembourg-Platz à Berlin ; les 23 et 24 mars 2024 aux Théatres de la ville de Luxembourg ;
Production Si vous pouviez lécher mon coeur, Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz
Coproduction Printemps des Comédiens (Montpellier), Wiener Festwochen, Le Phénix Scène Nationale Valenciennes pôle européen de création, Festival d’Automne à Paris, Festival d’Avignon, Théâtre Nanterre-Amandiers, Théâtre de la Ville Paris, Maison de la culture d’Amiens, Théâtre de la Ville de Luxembourg, De Singel Anvers
Avec le soutien du ministère de la Culture et pour la 77e édition du Festival d’Avignon : Spedidam
Avec l’aide du Channel de Calais, Odéon-Théâtre de l’Europe (Paris), École du Théâtre national de Strasbourg
Construction du décor Volksbühne, Ateliers Devineau
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Remerciements Laurent Hatat, Anima Motrix, Théo Vellas et Georges
Julien Gosselin et Si vous pouviez lécher mon cœur sont artistes associés au pôle européen de création, le Phénix scène nationale Valenciennes et au Théâtre Nanterre-Amandiers. Julien Gosselin est quant à lui artiste associé à la Volksbühne de Berlin
Si vous pouviez lécher mon cœur est soutenu par le ministère de la Culture Drac Hauts-de-France et par la Région Hauts-de-France.
Thomas Bernhard est représenté par L’Arche – agence théâtrale.