David Boriau &Steven Dhondt, Wanted — Portrait de sang

Un wes­tern magique

Dans cet album, les auteurs ont sou­haité renouer avec un cer­tain wes­tern, celui que de cinéastes comme Ser­gio Leone ou Quen­tin Taran­tino pro­po­saient avec de grands espaces, une ges­tion des silences, une suite d’actions s’articulant selon un tempo spé­ci­fique.
Les per­son­nages, qu’ils relèvent du camp des bons ou de celui des méchants, sont ori­gi­naux, por­teurs de par­ti­cu­la­ri­tés un peu étranges. Mis­ter Cuckoo por­tee une petite hor­loge, Silent Rose pos­sède une arme avec silen­cieux, une petite anachronie…

Dans la plaine de Fox­wood, au Colo­rado, une bande mas­sacre une tribu de Cheyennes. Un petit gar­çon semble réus­sir à fuir.
Dull revient à la réa­lité quand Oscar Car­jat l’appelle. Ils arrivent, avec leur dili­gence, à Lit­tle Whis­key. Ils doivent ren­con­trer la femme qui a dis­cuté avec Abel Kober avant que celui-ci ne tue l’assistant du maire. Dull, qui a un don pour le des­sin, doit faire son portrait-robot. Il pré­pare son bloc en le frot­tant avec des feuilles sèches et en psalmodiant.

La pros­ti­tuée est stu­pé­faite du résul­tat et recon­naît bien l’homme. Mais le des­sin indique que l’homme n’a pas, comme l’affirme le shé­rif, fuit vers le nord, mais est dans le saloon. Lorsqu’ils arrivent au bar, Mis­ter Cuckoo et Big Rind menacent Silent Rose, une chas­seuse de primes noire. Celle-ci ne se laisse pas impres­sion­ner. Elle tire et fait dévier le coup de Cuckoo. La balle per­due touche la tête d’Abel Kober qui se plan­quait dans la réserve. Cet homme est le frère de celui que Dull et Oscar traquent pour…

Le scé­na­riste prend, comme point de départ de son récit les affiches Wan­ted qui sont omni­pré­sentes dans tout wes­tern digne de ce nom. Si les héros les regardent, voire les arrachent avant d’arrêter l’individu dési­gné, per­sonne n’a jamais expli­qué com­ment et par qui elles sont faites.
Il intègre un peu de magie, une magie que pra­tique Dull issu de la société cheyenne. David Boriau choi­sit de mettre en scène des per­son­nages qui appar­tiennent à des eth­nies dif­fé­rentes, des cultures bien spécifiques.

Steven Dhondt offre un gra­phisme qui intègre du réa­lisme, de la cari­ca­ture et des élé­ments du manga pour des per­son­nages emblé­ma­tiques. Il campe magni­fi­que­ment un ado­les­cent cheyenne, une femme noire qui exerce une acti­vité réser­vée aux hommes et un homme blanc bien inté­gré dans la société amé­ri­caine de l’époque. Face à ces trois pro­ta­go­nistes, il met en images une belle bande de truands qui pra­tiquent un racisme outran­cier sous cou­vert de religion.

Un album aty­pique qui vaut pour des per­son­nages peu com­muns, un trai­te­ment du rythme, une intrigue qui se découvre avec plai­sir et un trai­te­ment gra­phique par­ti­cu­liè­re­ment tonique.

serge per­raud

David Boriau (scé­na­rio) & Ste­ven Dhondt (des­sin et cou­leurs), Wan­ted — Por­trait de sang, Bam­boo, label “Dra­koo”, juin 2023, 104 p. — 18,90 €.

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