Solange Clouvel agence invente ici par “chapitres” un vaste roman pictural en l’honneur de Scanreigh. Mais de manière des plus géniales.
Pour ce travail hagiographique, pleine d’esprit et de finesse elle passe par diverses oeuvres picturales mais aussi littéraires (Proust, Villon) qui toutes à leurs manières ont scruté diverses marges et où la bâche est à la fois prétexte et le support de prédilection.
Il y est fait allusion a de célèbres comme celles de Kilat, Christine Ferré, Viallat et bien d’autres mais bien au-delà ce qu’un tel support entend (jusque dans ses oeillets) afin que la peinture de celui qu’elle nomme son “démiurge” avance. Car il ne s’agit que de lui. Il crée comme un tel support une puissance de grandeur et résistance.
L’auteure illustre de la sorte sa stratégie particulière qui souvent s’arrange de morceaux, bandes colorées même grossièrement peintes au besoin mais qui offre aussi des formats impressionnants comme les plus petits. Le tout après avoir fait le ménage à tous les sens du terme (maison comprise).
Scanreigh, par son trait reconnaissable et ses couleurs, est en effet un brouilleur de piste et Solange Clouvel a bien compris tout ce qu’il tire de la peinture : à la fois déflagration et bariolage. Elle remonte ainsi l’histoire de l’oeuvre. Sans le moindre “rabâchage”.
Il y a là un travail autant d’historienne de l’art et de la littérature que de poésie pour celle dont les travaux de Scanreigh “fils d’Hypnos et de Nyx” (ce qui n’est pas rien) deviennent prétextes et sujets, le fond et la forme de ce livre et de son chant.
lire notre entretien avec l’auteure
jean-paul gavard-perret
Scanreigh, Clouvel, Médaillons et crustacés sur la toile abandonnée, Editions Esdée, juin 2023 66 p.- 17,00 €.
Scanreigh égal à lui même . JPGP utilise le botta fumero de Compostelle à l’aune d’une fervente considération des œuvres d’un artiste inclassable .
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