Eva Jospin trouve au palais des Papes d’Avignon un lieu de dialogue pour ses travaux ici en lien avec l’architecture et la pierre nue. Dans le cadre de l’exposition Palazzo, cet ouvrage très illustré s’ouvre par un entretien de la créatrice avec Pierre Wat.
Sont présentes 40 œuvres, dont les impressionnants panneaux brodés de la Chambre de soie, les monumentales architectures Nymphées, Galleria ou Cénotaphe, et des dessins où le motif végétal joue un rôle majeur.
Dans ce palais gothique la sculptrice à la fois s’offre une plongée dans le temps et trouve dans une cité de passion pour théâtre une lumière et une sensualité propices aux œuvres qu’elle propose ici.
Celle qui voulut devenir scénographe retrouve céans ses premières amours quelle réalisera d’ailleurs bientôt et pour la première fois à Lausanne. Pour elle, le carton brut est une matière non de transition ou de préparation mais une matière finale.
Palazzo et ses forêts en hauts reliefs de carton ne cherchent pas à créer des histoires mais des espaces où de tels récits pourraient avoir lieu. L’oeuvre est donc l’évocation d’un possible et d’un manque que le regardeur peut combler entre contemplation et rêverie.
L’artiste, pour cela, multiplie les détails dans la conception de son travail qui trouve là une figuration impressionnante. “Côté cours côté jardin” comme l’oeuvre en page de garde du livre l’illustre.
jean-paul gavard-perret
Eva Jospin, Palazzo, Gallimard, Hors série Connaissance, 28-06-2023, 60 p.