Que ne ferait-on pas pour le pouvoir…
Armand de Calvimont est en route pour les faubourgs de Paris ce 17 juin 1800. Il rejoint Charlotte Brunet, qui l’honore de ses faveurs, pour une de ses fêtes sulfureuses. Mais, foin des délices de Capoue, il arrive en plein massacre perpétré par des assassins déterminés. Blessé, trop faiblement armé, il ne peut que fuir.
Dans une salle de jeu, au petit matin, Julie de Swarte et Charles-Maurice de Talleyrand s’interrogent sur le bruit qui enfle relatif à une mort possible de Bonaparte, le Premier consul. Le ministre demande à Julie de trouver l’origine des fonds que Joséphine Bonaparte dilapide avec entrain.
Armand, qui a pu être récupéré et soigné, est emmené chez Talleyrand qui le charge de tirer au clair cette affaire de massacre. Il est accompagné par deux fidèles séides du ministre. Sur place, rien n’a bougé. C’est en fouillant qu’il trouve un sous-sol où se trouve un tonneau rempli de poudre noire. Qui l’a entreposé là et qui était visé par cet attentat ? Pourquoi le massacre de toutes les personnes présentes ?
Pendant ce temps, Julie accompagne Mlle Lenormand, la Pythie du faubourg Saint-Germain, chez Joséphine Bonaparte. Celle-ci veut connaître son avenir compte tenu de la nouvelle situation si… Le tirage des cartes est mauvais et elle dépêche sa dame de compagnie pour une mission à Paris. Julie, intriguée, la suit. Elle va tomber dans un piège et Talleyrand charge Armand de retrouver à tout prix la jeune femme en grand danger…
Le romancier place son récrit pendant ces trois jours historiques où l’incertitude règne quant au sort de la bataille de Marengo et la vie de Bonaparte. Il conçoit une intrigue criminelle à rebondissements autour d’une conspiration pendant ces jours de juin 1800. Trois jours où les ambitieux se réveillent et veulent prendre leur part de pouvoir ou garder celui qu’ils possèdent.
Trois jours propices à toutes les compromissions, complots, manœuvres et manipulations. Au premier rang, pour garder leur place, il y a Joséphine, née en 1763 et qui, sans Bonaparte son époux, ne sera plus qu’une vieille femme, Lucien, le frère, alors ministre de l’Intérieur, Talleyrand et Fouché, les deux ennemis. Dans ce complot s’impliquent également des trafiquants, des politiciens, un compositeur (Rouget de Lisle), des mercenaires. Les candidats et les suspects ne manquent pas.
Pour faire vivre cette intrigue, Tristan Mathieu anime deux personnages de fiction. Julie de Swarte est une jeune aristocrate réchappée des divers massacres qui ont jalonné les années 1790 et qui bénéficie de la protection de Talleyrand.
Armand de Calvimont, un noble ruiné par la Révolution, qui a fui dès le début des événements pour bourlinguer, vivant moult aventures et ayant fréquenté Talleyrand à Boston.
Avec une écriture fluide, des chapitres suffisamment courts pour rythmer le récit, une maîtrise indéniable du sujet, Florian Mathieu offre un roman passionnant jusqu’à un ultime retournement de situation ouvrant sur une suite : La Main de Dieu.
serge perraud
Tristan Mathieu, 1800 — La main de sang, Éditions 10/18 n° 5857, coll. “Polar”, mai 2023, 384 p. — 8,90 €.