Pip, celui qui au début du cycle a découvert Mandor à l’intérieur d’une tombe, a lu le journal tenu par celui-ci. Il lui revient donc la charge de raconter la fin de l’histoire des passagers du Jupiter et l’affrontement entre les Survivants et les Intégraux.
Pip revient sur les retrouvailles entre Mandor et Yss, sa sœur, qui vivait avec le héros. Lorsqu’il est fait prisonnier, il est amené dans le vaisseau. Yss a changé, elle a pris vingt ans. Elle lui reproche vivement de l’avoir abandonnée quand elle a sauté sur une bombe. Si elle est encore vivante c’est parce qu’elle a été recueillie et soignée par ceux que Mandor considère comme des ennemis. Elle a adhéré à leur croyance, L’Ordre de la Courbe, et s’est même mariée avec Jean d’Orgueil, le grand prêtre de cette religion.
Celui-ci, devant le refus de Mandor de se convertir, le condamne au broyeur. En attendant, il est emprisonné avec un mystérieux individu qui se dit un voyageur, un observateur qui arpente le monde. Or, il dispose de ressources insoupçonnées même s’il ne les utilisait pas jusqu’alors. Et avec lui commence pour le héros une ultime aventure qui…
Jouant avec les failles d’une boucle temporelle, le scénariste replace les protagonistes dans des époques différentes pour assurer leur rôle. Si Mandor est un être hybride, un Androïde si humain, ceux qui l’entourent sont les descendants des rescapés de la catastrophe qui a détruit l’immense nef qu’était le Jupiter. Différentes communautés se sont constituées en fonction de leur lieu d’installation et, comme toujours avec l’humain, cela finit par des conflits.
L’action est très présente et l’introduction de nouveaux personnages autorise des développements inédits. La différence d’écoulement du temps entre l’intérieur de la colossale épave et le reste de la Terre permet des variations fort intéressantes et des rapports entre les acteurs étonnants, difficiles, mais aussi émotionnels. Le scénariste dénonce les dérives sectaires qui renaissent sans cesse, même dans des sociétés qui repartent de zéro.
Depuis 2017, la parution du premier tome, Christophe Dubois assure un graphisme dont la qualité ne se dément pas. Il exécute des personnages réalistes qu’il place dans des décors peu communs, jouant avec toutes les possibilités offertes par l’art graphique, des perspectives subtiles, des axes improbables de vues avec une belle maîtrise.
La fin de la saga ne dément pas l’attrait pour cette série qui offre une belle variété de situations, joue avec le temps et des concepts de science-fiction. C’est une belle réussite scénaristique et une exceptionnelle mise en images valorisée par le choix de l’éditeur d’un grand format.
serge perraud
Rodolphe (scénario) & Christophe Dubois (dessin et couleur), Terre — t.03 : La fin des Temps, Éditions Daniel Maghen, mai 2023, 72 p. — 16,50 €.