Peral / Desberg / Colman, Billy the cat — Tome 8 : “La Vie de chaton”

Où l’on apprend enfin qui était ce drôle de cha­ton du temps qu’il était encore un méchant garnement

Du kid au cat, il n’y a qu’un chat…

Voilà déjà quelques années que les jeunes ama­teurs de bandes des­si­nées s’émeuvent des tri­bu­la­tions tragi-comiques d’un drôle de cha­ton nommé Billy. Drôle ? Pour ça oui : un cha­ton répé­tant à qui veut l’entendre qu’il n’est pas tout à fait un cha­ton mais “un gar­çon dans la peau d’un chat”, ça ne laisse pas d’intriguer. Au bout de sept albums d’aventures pal­pi­tantes, il conve­nait de lever le voile. Cette option scé­na­ris­tique un peu tar­dive a peut-être quelque chose à voir avec la déci­sion de Col­man, le des­si­na­teur qui a créé le per­son­nage avec Des­berg, de céder le pin­ceau à Peral. Ainsi, en coïn­ci­dant avec le récit des ori­gines, ce pas­sage de relais res­semble bien davan­tage à un nou­veau début qu’à une prise de train en marche.
 
Rien à signa­ler en matière de conti­nuité gra­phique ; le des­sin de Peral suit celui de Col­man — un trait com­mun à de nom­breuses séries humo­ris­tiques telles que, entre autres, Spi­rouBoule et Bill, Les Schtroumpfs ou Les Petits hommes : même trans­crip­tion des corps et de l’environnement, même res­ti­tu­tion des mou­ve­ments et des émo­tions. Quant à l’organisation nar­ra­tive, elle repose à nou­veau sur une suc­ces­sion d’histoires courtes. S’articulant ici en six say­nètes de 5 à 10 planches pou­vant se lire comme autant d’épisodes indé­pen­dants ou bien d’un seul tenant, le récit est d’un abord aisé pour le jeune public auquel l’album s’adresse.

La Vie de cha­ton, c’est d’abord la révé­la­tion de ce qu’était le gar­çon Billy : un insup­por­table gar­ne­ment tou­jours à l’affût de la pre­mière bêtise à faire, ric­tus en coin et yeux plis­sés par la malice. Expres­sion maligne qu’il troque pour la mine contrite du pauvre hère démuni dès lors qu’il a été changé en cha­ton. Parce qu’on a beau se sen­tir libre, com­prendre les miau­le­ments et jouir de la pro­tec­tion d’un matou bien­veillant, la vie de gar­çon, ça laisse des traces — et non des moindres : pattes et pelage n’ont rien changé à la pro­pen­sion de Billy à relu­quer les filles de pub en maillot de bain sur affiches géantes, aussi bien que les filles tout court ( !)… Reste que lorsqu’on est un cha­ton — exté­rieu­re­ment du moins — mieux vau­drait suc­com­ber aux charmes des jolies minettes qui, elles, savent remar­quer les félins attraits de Billy. M. Hubert le matou essaie bien de veiller au grain - étant lui-même fort occupé du beau sexe chat­tesque, il ne doute pas de par­ve­nir à y conver­tir Billy — mais c’est là une mis­sion qui est loin d’être de tout repos…

En tout cas, savoir quel affreux jojo était Billy avant sa méta­mor­phose n’empêche nul­le­ment de s’émouvoir de ses affaires de cœur. Au contraire : on fond davan­tage encore, et les yeux enamou­rés du cha­ton cham­boulé par la démarche cha­lou­pée d’une élé­gante féline — dont les traits, au pas­sage, ne sont pas sans évo­quer l’aristochatte Duchesse — ont tôt fait d’effacer jusqu’au sou­ve­nir des regards méchants de l’infernal gamin.

isa­belle roche

   
 

Peral / Des­berg / Col­man, Billy the cat — Tome 8 : “La Vie de cha­ton”, Dupuis, 2003, 48 p. — 8,20 €.

 
     
 

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