Anthropologue et chercheuse, Agnès Giard est animatrice du blog “Les 400 culs” du site de “Libération”. Elle analyse les formes d’obsolescence comme de jaillissement du désir et de l’érotisme dans le monde et plus particulièrement au Japon auquel elle a consacré à ce jour cinq livres.
Le désir humain est donc au centre de ce travail loin des “belles” tartufferies qui sont le cache-sexe de la misère sexuelle et de la solitude. L’auteure définit les états de diverses histoires d’amour inavouée, de secrets lourds à porter et ce qui fomente des imageries plus ou moins mélancoliques.
Sous la carapace « théorique », Agnès Giard met à nu des situations troubles et les inconsciences des certains actes.
La créatrice dénote ce qu’elle nomme la somnophilie des voyeurs consommateurs. Elle peut jouer ironiquement et à sa guise d’une intimité — ou sa feinte. Ainsi offert, le désir n’est jamais jugé.
A une absence répond une autre absence en ce qui tient d’un miroir narcissique absolu chez les pratiquants consommateurs sans qu’ils le comprennent vraiment. Mais, disons, que ce n’est pas son problème…
Agnès Giard montre combien la carburation du fantasme trouve de quoi alimenter une économie libidinale souvent au rabais. Intrinsèquement, de tels “produits” posent les problèmes fondamentaux du voir et de la possession d’une femme en un déplacement jouet-sif. L’objet-sujet permet par ailleurs d’entretenir de facto la convention collective des pactes sociaux forgés par les hommes et pour eux.
L’auteure montre ainsi la fausse note qui permet au chœur masculin de pousser des brames érotiques sans sortir de sa tour “d’y voir”. Elle propose ainsi une ré-vision des principes fétichistes espérés . Et le tour est joué là où une certaine apathie crée moins une stupeur qu’un remplissage de l’imaginaire.
jean-paul gavard-perret
Agnès Giard, Les 400 culs — Chroniques culottées sur les sexualités modernes, La Musardine, 2023, 325 p. — 19,50 €.