Jean-Luc Bannalec, Une enquête du commissaire Dupin — Piège mortel à Belle-Île

Le Mal au Paradis

Cet ancien édi­teur alle­mand, amou­reux de la Bre­tagne, se fait guide tou­ris­tique pour la région qu’il a rete­nue comme décor de son intrigue.
Si tout part de Concar­neau où Dupin a été muté, il y a dix ans, pour motif dis­ci­pli­naire, il place son enquête sur des sites bien spé­ci­fiques. C’est ainsi que, depuis le début de la série, qui en est à son dixième opus, il pro­pose une intrigue, une visite tou­ris­tique et gas­tro­no­mique à Gué­rande, Saint-Malo, Tré­gas­tel, Bro­cé­liande

Alors qu’il nage dans la baie de Concar­neau, comme il en a l’habitude, Georges Dupin ren­contre un phoque qui le prend en ami­tié. Lorsqu’il regagne la rive, en ce mer­credi 3 août, il voit Le Ber qui ges­ti­cule sur la plage. Un pêcheur a trouvé un corps dans le port de Doë­lan. Sur place, ils trouvent Labat, arrivé depuis peu en com­pa­gnie de Le Menn et Nevou, les deux poli­cières venues ren­for­cer la bri­gade depuis deux ans.

Le cadavre s’est pris dans les cor­dages d’une bouée. C’est le maître du port qui le recon­naît. Il s’agit de Patrick Pro­vost, un éle­veur de mou­tons à Belle-Île. Il a été étran­glé et son corps jeté à l’eau. Sur l’île, le défunt rési­dait à Islonk, l’abîme en bre­ton, un minus­cule hameau. Sa répu­ta­tion est sul­fu­reuse. Il était cor­dia­le­ment détesté par tout le monde. Tous les témoi­gnages le pré­sentent comme une ordure. N’importe qui, sur l’île, pour­rait être le meur­trier.
Com­mence alors pour Dupin et son équipe, une enquête bien spé­ciale. Et quand un second cadavre…

Le roman­cier donne une foul­ti­tude de détails sur Belle-Île, sa géo­gra­phie, ses vil­lages et acti­vi­tés pro­fes­sion­nelles. Il relate la légende qui fait état de sa nais­sance, et donne son appel­la­tion dans la langue locale Enez ar Guer­veur, ce qui se tra­duit par La ville de la mer.
Il raconte l’étonnante aven­ture d’Acadiens qui, réfu­giés sur ce bout de terre, ont fait souche., l’attrait de Sarah Bern­hard pour les lieux.

Georges Dupin se trouve confronté à un huis clos sur cette île para­di­siaque où l’humain, cepen­dant, réus­sit à impo­ser ses tares et implan­ter ses vices. Le roman­cier pro­pose un per­son­nage odieux, un de ces méchants qui ne sont, hélas, pas que dans les romans. Il est avare, cruel, féroce, mais très riche.
Dans le micro­cosme où il évo­lue, nombre de per­sonnes peuvent avoir des rai­sons de le sup­pri­mer, à com­men­cer par son ex-épouse, ses voi­sins, ses loca­taires, son ber­ger, les tenan­ciers du bar local et de la dis­til­le­rie de whisky, la maire, l’archéologue, l’ancienne ins­ti­tu­trice… Et son héri­tage com­mence à sus­ci­ter des convoitises.

Outre sa pro­pen­sion à pré­sen­ter de façon agréable tous les attraits des régions où son héros pour­chasse le crime, Ban­na­lec fait de celui-ci son alter ego en matière de gas­tro­no­mie. Il ne manque pas une occa­sion de mettre Dupin, ce grand ama­teur de café, face à des spé­cia­li­tés culi­naires, allant jusqu’à expli­ci­ter des recettes et tours de main.
Avec ce nou­veau récit de cet auteur amou­reux de la Bre­tagne, le lec­teur découvre une Belle-Île enchan­te­resse, tout en sui­vant une intrigue rouée, riche en rebon­dis­se­ments de toutes natures.

serge per­raud

Jean-Luc Ban­na­lec, Une enquête du com­mis­saire DupinPiège mor­tel à Belle-Île (Bre­to­nische Idylle), tra­duit de l’allemand par Pierre Mal­her­bet, Les Presses de la Cité, avril 2023, 352 p. — 22,00 €.

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