Holmes, Watson et Freud attendent, au 221b Baker Street, que la course en ballon autour du monde reprenne pour appréhender le Voleur aux cent visages. Mais le mauvais temps retarde le départ.
Deux administrateurs du Lloyd’s viennent solliciter les services de Sherlock car depuis quelques mois leurs cargos disparaissent. Un marin, rescapé du septième navire disparu depuis une semaine, donne un témoignage extraordinaire. D’après lui, un énorme dirigeable a crocheté le cargo pour l’emporter dans les airs. Aux yeux des armateurs, toutefois, c’est la cargaison qui pose le plus de problèmes. Mais Holmes refuse au prétexte qu’il ne mène pas deux affaires en même temps.
Et on retrouve ce dernier traqué par la police car il a volé les bijoux de la Couronne. Watson ne peut y croire et se lance à sa recherche en compagnie de Freud…
Le professeur Moriarty n’apparaît que dans deux des soixante-quatre enquêtes qui constituent le Canon. Il est cité, néanmoins, quelques fois. On le rencontre pour la première fois dans Le Dernier problème, nouvelle publiée dans The Strand Magazine en décembre 1893. Il fait face à Holmes dans un duel qui se termine dans les chutes du Reichebach, en Suisse.
Par contre, ce génie du crime titille plus l’imagination d’auteurs qui se livrent à des pastiches que Conan Doyle lui-même.
C’est ainsi que Fred Duval et Jean-Pierre Pécau installent une série sur ce personnage, dans un univers steampunk. Ils introduisent Sigmund Freud qui travaille ses observations sur le comportement de ses contemporains, passionné par la stature d’Holmes. Un méchant supplémentaire, ce voleur aux cent visages, participe activement à structurer une belle intrigue.
Les auteurs installent une sérieuse animosité entre Watson et Freud avec des échanges très humoristiques.
Le dessin caractéristique de Gess donne à cette série une atmosphère particulière. S’il va à l’essentiel pour les silhouettes, il a une façon très personnelle de présenter les attitudes et les mimiques de ses protagonistes. Il en résulte un effet singulier.
La mise en couleurs de Scarlett privilégie les tons sépia pour donner une atmosphère ancienne, celle qui était en vigueur à la fin du XIXe siècle. Il faut noter que l’illustration de couverture est l’œuvre de Nicolas Siner et qu’elle n’est pas représentative du graphisme intérieur.
Ce tome 4 clôt de belle manière une série atypique autour du Grand Détective par les apports peu communs des auteurs et par l’ambiance particulière donnée par la conjugaison des talents de Gess et Scarlett.
serge perraud
Fred Duval & Jean-Pierre Pécau (scénario), Gess (dessin), Scarlett (couleurs), Nicolas Siner (couverture), Moriarty — t.04 : Le voleur aux cent visages 2/2, Delcourt, coll. “Neopolis”, février 2023, 48 p. — 14,95 €.