La fabrique du héros de l’histoire n’a pas fait de fumée. Il est fondu d’un seul morceau à la cire perdue avant que fussent cassés, si on l’en croit, l’empreinte, le moulage.
Chacun de ses pas est fait pour l’aventure, ce qui ne l’empêche pas de rejoindre au sauna sa bonne amie en empruntant un escalier moite et vaporeux, histoire de mater des popotins ou des gars en train de se gâter.
Au bar, une moelleuse camionneuse reluque sa Vénus. Et voici qu’il la traite sans dimension rhétorique de putain. Aussitôt, elle lui renvoie le compliment à la tête. Il est temps de partir afin d’éviter le grabuge et afin que Vénus s’adonne à la couture, usant toujours du passé empiété parce qu’il s’agit du point le plus facile.
La main de la docile couseuse y passe et repasse comme sur le totem de son héros lorsqu’il en éprouve le besoin. C’est ainsi que leurs deux vies percolent, s’anacoluthent — quoique à l’impossible ils ne soient pas tenus.
Mais elle le considère comme centre de sa terre et son papillon de février. Tandis que, de sa main droite, elle susurre “mon cœur s’ouvre à ton souffle”. Parfois, la gauche vient au secours. Ensuite, tandis qu’elle referme la braguette pour reprendre ses travaux, le héros repu passe ses mains dans ses cheveux parfumés à la vanille pour les regonfler un peu.
jean-paul gavrd-perret
photo Maurice Renoma