Dans ce roman en vers des plus libres, la vie de Pablo regorge d’histoires brûlantes selon divers feux. Emilie Panisset la dévoile entre symboles et croquis avec libéralité mais un certain respect que toute existence mérite.
Même si celle de héros n’est pas forcément des plus nobles et brillantes. Certes, c’est un brave homme mais comme le sont les machos (si l’on en croit Houellebecq) . Malgré son esprit libre-penseur et engagé, celui qui naquit petit salopiaud lors de l’accouchement de sa mère désapprouve l’amour libre et trouve que les femmes qui se donnent sans peines sont “des putes qui feraient bien de cacher leur cul”.
Certes, il est parfois de meilleur humeur. Toutefois, la vie est en éclats et parfois en débris laissés pour compte par cet ange gardien plus ou moins possédé, entre faiblesse et robustesse. L’auteure sait en montrer les facettes non parfois sans langueur et les sourires brumeux.
La vie va en cette représentation amère, jouissive et songeuse entre tremblements et explosions. Emilie Panisset laisse voir bien des coutures et accrocs, ce qui permet de mieux ouvrir le voile sur certains pans de l’existence qui ne peuvent se résumer en quelques mots.
Mais il existe en eux quelque chose de profond. Y compris le corps de la société et des femmes qui, en leurs enroulements, essaient toujours de parler. Si bien que, par-delà Pablo, ce sont elles qui donnent toute la dimension à la réussite de ce roman.
jean-paul gavard-perret
Emilie Panisset, Pablo, Editions Douro, coll. Bleu Turquin, juin 2023, 206 p. — 20,00 €.