Pour beaucoup,le poète belge est un bouffon. C’est en fait un roi nu dont le sceptre grandit chaque fois qu’il refuse de jouer de dindon de la farce.
Celui qui n’a pas encore reçu le prix « Nobelge » (comme il l’espérait jadis) continue à exaspérer le réel pour en distiller le néant et offrir en retour à une poésie des marges ses preuves irréfutables de ping-pong verbal face aux bretteurs d’estrade.
D’où ici un retour aux sources mais par la bande car si nous connaissons le sourire énigmatique de Mona Lisa, peu se soucient de celui de Mona Dialysa toute en tendresse et en connivence avec ses patients dialysés et autres malades de l’hosto dont elle est la star.
Et c’est ainsi que l’âge venant, l’auteur en une sorte de journal de bord dégingandée fait le tour de ses maladies accumulées au fil du temps. Qu’on se rassure : Verheggen est tout sauf un geignard.
Et s’il connaît des crises de goutte, sa poésie s’en porte pas plus mal — bien au contraire.
jean-paul gavard-perret
Jean-Pierre Verheggen, Le Sourire de Mona Dialysa, Gallimard, Hors série Littérature, 25 mai 2023, 96 p.