“Il n’y a que Dieu qui est loin, puisqu’il n’existe pas. Ce livre a commencé avec un iris sous le bleu du ciel nu.” (A. D.)
Poésie/Gallimard republie deux textes majeurs d’Ariane Dreyfus. Parlant à sa sortie de Nous nous attendons, la poétesse précisa que ce texte “demeurera sans doute mon expérience d’écriture la plus heureuse : je n’avais plus à penser à moi, seulement à laisser mes yeux suivre les siens, partageant son désir, acceptant ses secrets. J’ai avancé au hasard, sans crainte de me perdre”.
Et cette oeuvre devient l’espace le plus intime qui soit. Il est capable d’ouvrir toutes les portes de ce à quoi nous pouvons songer pour être complètement. L’auteure ouvre à la clarté l’acte sexuel et de l’étreinte amoureuse. Les deux prennent leur juste place comme les “fruits” qui en naissent. Et par l’adresse à l’amant, s’inscrit la force des sentiments et des voluptés qu’ils engendrent.
En contrefaits, la poétesse évoque parfois l’outrage fait par certains aux femmes, le saccage du monde et aussi de grandes catastrophes. Ces deux textes créent en outre un lien entre la poésie et les arts (de Valérie Linder et surtout de Gérard Schlosser qui est signalé en sous-titre de Nous nous attendons).
Mais ce qui reste le plus prégnant demeure ici le miracle de l’amour de deux corps et coeurs “simples”. Le désir y règne en guise de vertu car c’est — parfois presque paradoxalement — contre toute attente — ce qui donne à la vie la force d’exister et d’espérer encore.
jean-paul gavard-perret
Ariane Dreyfus, Nous nous attendons précédé de Iris, c’est votre bleu, Éditions Gallimard, Collection Poésie Gallimard, 2023, 272 p. — 9,10 €.