Né près de Messine, Bartolo Cattafi (1922–1979) est parti, comme beaucoup de “méridionaux”, vivre à Milan en 1947, mais il reviendra régulièrement en Sicile jusqu’à la fin de sa vie. Il reste en France. encore très méconnu car peu traduit.
Eau de poulpe a comme lieu la Sicile. L’auteur en explore les beautés et les joies sans jamais l’idéaliser mais en abordant au besoin toute son âpreté.
Brefs, denses et minimalistes, directes, élémentaires et intenses, les poèmes de cette anthologie chronologique sont marqués par ce que l’auteur précise en l’un d’eux : “Moi dans le cœur / j’ai la Sicile / qui est une mère / désolée.“
Le “triangle aride” du pays n’est pas seulement le lieu de l’idylle, c’est tout autant le lieu du péril moins des hommes que de la nature elle-même car “la mobile mosaïque de la mer” peut autant révéler des enthousiasmes que faire lever les désastres des tempêtes et des naufrages.
D’où la rudesse apparente des femmes. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Elles sont toutes une comme celle, brune forcément, qui dans son sang couve une “luxure pudique”. Elle la cache, yeux baissés, aux regards de tous, mais “accueille et garde / les amours amplifiés / Elle se donnera avide : à un homme”. Mais pas n’importe lequel.
jean-paul gavard-perret
Bartolo Cattafi, Eau de poulpe — 55 poèmes siciliens, Bilingue, traduit de l’italien et présenté par Giulia Camin & Benoît Casas, Nous Editions, 2023, 140 p.
Les ” notes sur l’oreiller ” du XI ième siècle japonais pâlissent devant les 55 poèmes siciliens livrés en ” Eau de poulpe ” par Bartolo Cattafi dont JPGP analyse finement le talent .