Rimbaud passa au printemps 1875, en Suisse pour, par le col du Saint-Gothard, rejoindre Milan où il resta quelques semaines avant de descendre plus au sud. Nous le savons par une carte de visite du poète.
A partir de cette trace, l’auteur italien Edgardo Franzosini propose une enquête volontairement douteuses afin qu’elle puisse créer bien des fantasmes. Grâce à ce document et d’autres tous hautement spéculatifs qui tiennent souvent du racontar ou du canulard, l’auteur émet l’idée qu’une veuve milanaise au grand coeur aurait accueilli ce vagabond en route vers ses lointains.
Franzosini s’en donne à coeur joie car l’imaginaire vaut bien le réel. Et sont évoqués d’autres évènements. Se découvrent par exemple une figurine de Rimbaud en deux modèles (plâtre et bronze), le trésor en monnaies d’or sonnantes et trébuchantes que l’auteur d’Une Saison en Enfer aurait ramené et enterré. Sans compter les apparitions du poète à sa mère comme 100 ans plus tard à Allen Ginsberg lui-même.
Sont collationnées aussi des dizaines de plaques commémoratives — dont certaines réelles — qui sont là pour honorer le passage du poète en divers lieux du monde, de Charleville jusqu’à Louxor, Aden, Harar et Marseille.
Tout cela tient à la fois de ce qu’il y a de plus farfelu et dérisoire mais l’ensemble des spéculations de Franzosini contribue d’une manière originale à enrichir le mythe de Rimbaud.
jean-paul gavard-perret
Edgardo Franzosini, Rimbaud et la veuve, traduit de l’italien par Philippe Di Meo, Éditions La Baconnière, 2023, 120 p. — 17,50 €.