Jean-Charles Kraehn, Gil St André — tome 11: “Ballade africaine”

La conclu­sion d’un cycle « musclé »

Ce nou­vel album clôt le troi­sième cycle de la saga de Gil St André, ce pai­sible chef d’entreprise. Après avoir retrouvé son épouse enle­vée dans d’étranges condi­tions, aidé une jeune beu­rette à sau­ver sa sœur, il se retrouve, dans le milieu cra­pu­leux des grandes entre­prises. Gil sauve une jeune femme, seule res­ca­pée après l’explosion de son yacht fami­lial. Diane de Rochard-Haumont, devient alors l’héritière de GRH, un empire indus­triel et finan­cier. Lorsqu’elle pré­side son pre­mier conseil d’administration, contre toute attente, elle nomme Gil comme PDG du groupe. Mais, les drames se suc­cèdent et Diane, soup­çon­née de meurtres, dis­pa­raît. Ses cou­sins, Thècle et Bau­doin, sont impli­qués dans un com­plot, visant à s’emparer du groupe GRH, fomenté par de mys­té­rieux indi­vi­dus basés à Sin­ga­pour. La DGSE décide, avec l’accord du « Mon­sieur Afrique » de l’Elysée, de sup­pri­mer les deux cou­sins lors d’un safari pen­dant que Gil et les prin­ci­paux cadres du groupe effec­tuent un voyage au Malaki-Masso pour la signa­ture d’un énorme contrat com­mer­cial. Sur place, Gil, et la société qu’il dirige, se trouve au centre de toutes les convoi­tises. Il a fort à faire pour déjouer les pièges qu’on lui tend, les atten­tats que l’on our­dite contre ses rela­tions et… retrou­ver Diane.

Dans ce tome, Jean-Charles Kraehn met en scène une par­tie des magouilles de la « Fran­ça­frique », les liai­sons per­fides, dan­ge­reuses, du gou­ver­ne­ment fran­çais et des diri­geants afri­cains, les excès de res­pon­sables prêts à tout pour la prise, ou la défense, d’intérêts finan­ciers. Il expose, éga­le­ment, les chan­tages opé­rés sur les hommes poli­tiques, les mani­pu­la­tions en vue d’élections « libres », les ten­ta­tions aux­quelles ils sont sou­mis, les avan­tages maté­riels qu’on leur offre… Mais l’essentiel du récit porte sur les rap­ports au sein d’une famille, quand d’énormes inté­rêts finan­ciers sont en jeu. Même si on peut avoir le sen­ti­ment que l’auteur exa­gère, que des per­sonnes ne peuvent être aussi vénales, il se rap­proche pour­tant d’une triste réa­lité. Il décrit par ailleurs les luttes intes­tines au cœur des grands groupes, les guerres que se livrent ces grandes socié­tés, n’hésitant pas à employer les pires méthodes de voyous pour obte­nir ce que l’autre pos­sède ou convoite, pour prendre le pou­voir, pour s’emparer de nou­velles sources de richesse. Le scé­na­riste joue avec les faux-semblants, les dégui­se­ments et les masques que portent nombre de ses inter­ve­nants.
Une série au scé­na­rio solide, bien docu­men­tée, basée sur des recherches fouillées dans cet univers.

Avec ce troi­sième cycle, l’auteur, qui assure scé­na­rio et des­sin, les cou­leurs res­tant l’apanage de Patri­cia Jam­bers, donne un récit mus­clé, servi par un tempo vif tout en conser­vant les atouts de la série qui allie roman­tisme, panache et gran­deur d’âme. Le gra­phisme est tou­jours aussi tonique, dyna­mique,  la mise en page d’une grande pré­ci­sion don­nant une lec­ture agréable et des planches plai­santes à par­cou­rir.
Bal­lade afri­caine clôt avec brio ce troi­sième cycle des péri­pé­ties de Gil St André. On sui­vrait avec plai­sir de nou­velles aven­tures de ce héros atta­chant, mais compte tenu de la conclu­sion, peut-on espé­rer une pour­suite de la série ?

serge per­raud

Jean-Charles Kraehn (scé­na­rio et des­sin), Patri­cia Jam­bers (cou­leurs), Gil St André, tome 11 : “Bal­lade afri­caine”, Glé­nat, coll. « Bulle Noire », sep­tembre 2013, 48 p. – 11,50 €.

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