Renouer avec le domaine du murmure
Né à Paris à Paris en 1901, et mort dans la même ville,en 1986, Lebel fut critique et collectionneur d’art, écrivain, poète. Proche du surréalisme, sans en être cependant un fidèle, il fréquenta André Breton durant son exil à New York entre 1940 et 1944, mais aussi Marcel Duchamp, Max Ernst, Isabelle et Patrick Waldberg.
Il publia notamment : “Masque à lame” (Hémisphères, 1943), “Léonard de Vinci ou la fin de l’humilité” (Le Soleil Noir, 1952), “La double vue” avec des illustrations d’Alberto Giacometti et Marcel Duchamp (Le Soleil Noir, 1964), “L’Oiseau-caramel et La Saint-Charlemagne” avec des illustrations de Max Ernst (Le Soleil Noir, 1969 et 1976).
Une première horloge, “exacte’, serait celle du temps social qui régit l’humanité affairée. Une deuxième horloge, “déréglée”, celle du temps vide qui tourmente quelques solitaires. Quant à a troisième, elle détourne le cours de la temporalité sociale, mais subrepticement et invisiblement : “C’est à l’intérieur même du temps social, et non à l’écart, ce qui déjà serait édifiant, que nous créerons, sans nécessairement le laisser entendre, des zones de refus et de légèreté”, écrit l’auteur.
Dès lors, écrire implique de refuser toute posture littéraire grandiloquente, en retrait, installée, pour renouer avec le domaine du murmure, de l’inutile, du secret.
jean-paul gavard-perret
Robert Lebel, La troisième horloge, poésies et récits, 1943–1986, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, mais 2023, 432 p. — 25,00 €.