Glosso-Lalique : transparence du verbe

À l’origine, il n’y a que l’immédiateté, source conti­nue d’oubli et cela se passe de nous. Dehors : l’empire des images. Dedans : ce qui les féconde et les fouille par l’écriture. Mais aussi cet enche­vê­tre­ment en un seul corps qui veut s’abattre et s’élancer.

Jaune englouti et jaune saturé, deux cou­leurs pour un seul désir. Feu des yeux sur le plan de l’image : il y a la rayure de l’éclair, la pro­fon­deur de vue là où la mémoire arrose le pay­sage, cen­tri­fu­geuse de phrases dont la propre colo­ra­tion advient. Ecrire pré­ci­pite une sorte de lumière dont la pluie d’éclats ques­tionne encore, le tout sans for­cé­ment retour­ner la forme ver­bale contre elle-même ou s’abstraire.
Ecrire, c’est char­rier en les trans­for­mant les images qui veulent impo­ser un por­trait de femme, une col­line d’un jaune qui vou­drait nous affai­blir. Cela bri­ser notre cohé­rence, nous uni­fie à un corps inac­ces­sible qui ne demande qu’à jeter du désir que les mots et leurs cou­leurs reprennent.

Car, dès que le regard s’en va, les vocables mûrissent et tirent sur la longe comme si l’écriture allait résoudre la visua­lité. C’est l’avantage de la rup­ture comme une nou­velle apti­tude. Jaune ou d’une autre cou­leur sera son épais­seur et sou­dain elle enva­hit la tête.
La limite est ce moment où les yeux se ferment sur la rec­ti­tude de l’ écri­ture jusqu’à ce qu’elle trans­pire et que, à la racine de l’être, le ton monte à l’unisson de la révul­sion et du désir.

La femme comme la col­line reviennent du même jaune, entre mire et bâillon.

jean-paul gavard-perret

Photo de Mil­ton Greene

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