Eric Branca, L’Aigle et le Léopard. Les liaisons dangereuses entre l’Angleterre et le IIIe Reich

L’autre Angle­terre des années Trente

Chur­chill est un monu­ment de l’histoire bri­tan­nique si impo­sant qu’il cache une autre réa­lité his­to­rique. Une autre visage de la poli­tique anglaise face au IIIe Reich et que décrit Eric Branca dans ce livre.

L’auteur met en lumière trois groupes bien dis­tincts — et cette dis­tinc­tion est fon­da­men­tale. Le pre­mier est consti­tué des par­ti­sans du nazisme, de ceux rêvant pour le Royaume-Uni d’un sys­tème auto­ri­taire ins­piré de l’expérience alle­mande, avec tout ce que cela impli­quait de haine et d’antisémitisme. Au som­met de ce groupe bien sûr Oswald Mos­ley.
Certes mino­ri­taire poli­ti­que­ment, bien intro­duit dans les cercles aris­to­cra­tiques mais pas dans les pro­fon­deurs sociales du pays. Et c’est là sa prin­ci­pale faiblesse.

Le deuxième groupe ras­semble ceux qui éprouvent un inté­rêt pour le Reich en tant que res­tau­ra­teur de l’ordre et sur­tout en tant que labo­ra­toire de réso­lu­tion des ter­ribles déchi­re­ments sociaux pro­vo­qués par la dépres­sion des années 1930. Ils ne sont certes pas nazis et se tiennent éloi­gnés des outrances plé­béiennes de Mos­ley mais regardent avec un œil curieux et favo­rable cette troi­sième voie pos­sible entre com­mu­nisme et capi­ta­lisme libé­ral.
Ce groupe pos­sède des attaches avec le der­nier, celui des appea­sers ; les­quels s’en tiennent à une ligne diplo­ma­tique incar­née par Cham­ber­lain: la paix passe par les conces­sions faites au Reich dont les reven­di­ca­tions paraissent légitimes.

A che­val sur les deux der­niers groupes se tient le roi Edouard VIII, figure embar­ras­sante de la monar­chie bri­tan­nique, qui alla jusqu’en enfer pour que son épouse soit trai­tée en Altesse royale.
A mon avis, plus idiot que méchant, plus limité que machia­vé­lique, plus vani­teux que mani­pu­la­teur. Mais, reconnaissons-le, il illustre ce monde poli­tique qui, jusqu’à l’année 1940 incluse, s’obstina à recher­cher avec Hit­ler non pas une capi­tu­la­tion (je ne ferai pas de Hali­fax un Pétain en deve­nir) et contre lequel Chur­chill dut se battre avec force pour impo­ser sa ligne intran­si­geante. Il convient donc de ne pas géné­ra­li­ser les juge­ments sur l’ensemble des groupes de pensée.

“No more Munich for me !” lança Hali­fax après le déshon­neur de cette confé­rence célèbre.

fre­de­ric le moal

Eric Branca, L’Aigle et le Léo­pard. Les liai­sons dan­ge­reuses entre l’Angleterre et le IIIe Reich, Per­rin ‚mars 2023, 432 p. - 23,50 €. 

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