Georges Bataille : lin connu et drap peau

Lamour, dit-on, ne s’apprend par coeur. Il parle de la pré­sence mys­té­rieuse en nous de toutes les langues inso­lites, secrètes. Mais — il faut bien le recon­naître — sur­tout la langue maternelle.

Chacun s’y retrouve par des com­men­ce­ments sans fin. Sa ligne de mire des­sine les méandres de la vie et atteste qu’elle trace pour un fils perdu des voies ter­restres vers la mer. Il ne peut son­ger qu’une telle hor­loge existe et qu’il n’y ait pas d’horlogère. Il sait qu’elle n’est pas Dieu mais n’a d’yeux que pour elle car il entend tou­jours son injonc­tion et son ordre : “regarde”, comme Madame Edwarda de Bataille au bord d’elle.

Pour ce der­nier, tout ce qu’il pénètre, vient d’elle. C’est le vide à com­bler dont l’essence est d’être. Il des­sine le temps, chante en silence, danse sans bou­ger. Si bien que, comme lui, tout homme ne sait pas où il va, mais y va métho­di­que­ment, cal­me­ment — non en théo­ri­cien éclairé mais en pra­ti­quant d’une cure où à la chas­teté et l’interdit se super­posent le stupre et son lustre.

Badaud, frère de la steppe, il col­lecte tout ce qu’il peut en des­sous chics pour créer son musée privé. Parent du désert — digni­taire guère comes­tible -, il trouve en sa com­pagne une torche de vive qui sus­pend les ténèbres aveu­glantes. Et ce, avec l’autorité d’un bri­gand qui avant de pen­douiller laisse des impacts de haute ten­sion en fermes exten­sions de l’immoralité.
Ils font la nique à Dieu dont l’image est celle d’un sai­gneur qui jamais n’aurait connu l’ennui. Cer­tains humains le méprisent mais créent en consé­quence une sorte de cli­mat malsain.

Alors, avec une rapide volte-face, Bataille rend la petite mort banale et impo­sante, l’enrôle pour la bénir et mieux : pour cou­ron­ner sa farce d’immondices.

jean-paul gavard-perret

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