L’amour, dit-on, ne s’apprend par coeur. Il parle de la présence mystérieuse en nous de toutes les langues insolites, secrètes. Mais — il faut bien le reconnaître — surtout la langue maternelle.
Chacun s’y retrouve par des commencements sans fin. Sa ligne de mire dessine les méandres de la vie et atteste qu’elle trace pour un fils perdu des voies terrestres vers la mer. Il ne peut songer qu’une telle horloge existe et qu’il n’y ait pas d’horlogère. Il sait qu’elle n’est pas Dieu mais n’a d’yeux que pour elle car il entend toujours son injonction et son ordre : “regarde”, comme Madame Edwarda de Bataille au bord d’elle.
Pour ce dernier, tout ce qu’il pénètre, vient d’elle. C’est le vide à combler dont l’essence est d’être. Il dessine le temps, chante en silence, danse sans bouger. Si bien que, comme lui, tout homme ne sait pas où il va, mais y va méthodiquement, calmement — non en théoricien éclairé mais en pratiquant d’une cure où à la chasteté et l’interdit se superposent le stupre et son lustre.
Badaud, frère de la steppe, il collecte tout ce qu’il peut en dessous chics pour créer son musée privé. Parent du désert — dignitaire guère comestible -, il trouve en sa compagne une torche de vive qui suspend les ténèbres aveuglantes. Et ce, avec l’autorité d’un brigand qui avant de pendouiller laisse des impacts de haute tension en fermes extensions de l’immoralité.
Ils font la nique à Dieu dont l’image est celle d’un saigneur qui jamais n’aurait connu l’ennui. Certains humains le méprisent mais créent en conséquence une sorte de climat malsain.
Alors, avec une rapide volte-face, Bataille rend la petite mort banale et imposante, l’enrôle pour la bénir et mieux : pour couronner sa farce d’immondices.
jean-paul gavard-perret