Au deuxième siècle avant J.-C., la grandeur de Sparte décline, la cité n’est plus que l’ombre d’elle-même. Nabis, qui a pris illégalement le pouvoir, se retrouve dans une situation politique très critique. L’armée achéenne, qui veut rayer Sparte de la carte, est aux portes de la cité. Nabis veut négocier avec l’ennemi, une attitude indigne d’un Spartiate. Agesilas a pris la tête d’une révolte contre Nabis. Celui-ci a payé Diodore, un Hilote, un chasseur de primes réputé, pour qu’il capture le rebelle. Mais, ce dernier lui échappe.
Pris de scrupules, après une découverte qui modifie son jugement, Diodore s’introduit nuitamment jusqu’aux appartements de Nabis où il lui signifie qu’il renonce à sa mission et lui rend son or. Il reçoit, très vite, une réponse sous la forme d’un doigt du jeune Dorkis, l’héritier du trône que le tyran a fait emprisonner. Alors que la révolte gronde, Diodore fréquente les bouges, se noie dans l’alcool, malgré les tentatives de Nestor pour le sortir de cette situation sans issue. Comment peut-il espérer sauver Dorkis, qui était sous sa protection, et retrouver Hélène, la femme de sa vie ?
Ce second tome reprend les principaux personnages présents au début de l’histoire et introduit nombre de nouveaux acteurs porteurs d’énigmes. Patrick Weber renforce ainsi son intrigue avec les péripéties induites par les attitudes de ces nouveaux protagonistes. Les dialogues sont toujours aussi riches et incisifs, dévoilant la psychologie et les motivations profondes des acteurs du drame. Car il s’agit bien d’un drame à tous les échelons. La cité perd ce qui a fait sa gloire, et son aura de ville invincible. Les dirigeants abandonnent ce qui avait construit l’esprit de la ville. Diodore et Agesilas vivent, chacun à leur niveau, une tragédie qui leur est propre et qui réserve bien des surprises.
Sparte est une série menée avec intelligence, qui se place dans une période peu explorée de la ville, l’époque de sa décadence, de sa perte de souveraineté. Habituellement, les récits sur Sparte portent plutôt sur sa période glorieuse, conquérante grâce à un modèle éducatif d’une grande rigueur et à un patriotisme sans faille.
Christophe Simon assure un dessin de qualité, tant pour les décors que pour les personnages. La multiplicité des acteurs, dont la vêture et la coiffure étaient historiquement presque identiques, l’amène à opérer un travail très fin pour faciliter l’identification de chacun, dans les diverses situations du scénario. Ses plans panoramiques, très documentés, détaillés, restituent les dimensions épique du récit.
Une série attrayante, d’une grande qualité, tant au point de vue scénaristique que graphique.
serge perraud
Patrick Weber (scénario), Christophe Simon (dessin), Ingrid de Vuyst et Alexandre Carpentier (couleurs), Sparte, tome 2 : « Ignorer toujours la douleur », Le Lombard, juin 2013, 48 p. – 12,00 €.