Demain la veille — pour qui sonnait le gland
Dans cette farce sublime la liste des options est longue, ironique, quoique dérisoire selon les apparences - du moins pour les mâles qui, pour lire, emportent uniquement leurs seuls bagages et grille de lectut=re.
L’idée de la narratrice est de ne répondre de rien, mais tout ce qu’elle affirme doit être pris à la lettre, là où la fiction démonte la fonction “verginale” des dragons qui font croire que le dévouement au plaisir des queutards a de quoi combler leurs servantes. Elles n’ont qu’à accomplir leur devoir.
Cette fiction selon Saint Luc — mais dont le prénom est à inverser — devient une fin de non recevoir à l’injonction mâligne. C’est même le désaveu et la railleries des contrevérités patriarcales et machistes là où l’auteure a comme but de réinventer l’amour
Celui dont parle les hommes et parfois même les féministes n’est qu’une commodité de la conversation. Ici sourd un étonnant haro sur les baudets. L’auteure prêche quasiment pour leur inexistence
Voguant dans l’urgence, la fiction donne un sacré coup de balais aux exigences masculines. La narratrice a finalement le dernier mot même si pour y arriver tout pouvait sembler tremblant et précaire tant les femmes — elle et ailes comprises — sont habituées à satisfaire l’autre en se laissant voler dans les plumes plutôt que de jouir elle-même.
Dans cette Odyssée, ce n’est plus Ulysse qui tient le beau rôle mais Pénélope. Le premier est réduit à un personnage falot arrogant, macho, propre à donner des ordres.
Mais Pénélope n’a plus qu’à se soumettre à ce fieffé salaud. Elle n’a pas pour autant à se contenter de filer la laine. Le cas échéant, elle pourra savourer l’haleine non des hommes — dont le jaloux grec craignait la présence chafouine et violeuse près de sa belle — mais de sa gardienne du corps qui plus qu’une autre aura mérité de porter ce nom.
jean-paul gavard-perret
Tristan Félix, Testicul, Tinbad, coll Tinbad Roman, Paris, avril 2023, 88 p. — 15,00 €.