Barbe bleue (Amélie Nothomb / Frédérique Lazarini)

Les jeux défen­dus et leurs sortilèges

Avant que le spec­tacle ne com­mence, on voit une petite fille sur l’écran : elle est fil­mée alter­na­ti­ve­ment en plan rap­pro­ché et en cadrage large en train de lire Barbe bleue. Elle y prend un plai­sir cer­tain, presque gêné, qu’elle exprime par des moues qui sont déjà adultes. Il pour­rait s’agir d’Amélie Nothomb.
Au cours de séquences pro­je­tées plu­sieurs fois, elle salue le public comme si elle le voyait dis­posé, comme elle, à se fondre dans la lettre, flou­tée, du gros livre écrit en petits carac­tères. D’emblée, la mise en scène fait inter­ve­nir des phé­no­mènes un peu sur­na­tu­rels, ins­tal­lant une atmo­sphère fan­tas­tique. Ainsi le major­dome musi­cien se fait un peu magi­cien. Espiègle, la nou­velle femme, ou plu­tôt la nou­velle colo­ca­taire du sei­gneur Don Ele­mi­rio est dis­po­sée à explo­rer son uni­vers sans se lais­ser faire.

Le texte, publié en 2012, qui revi­site le conte de Per­rault, se prête bien à une mise en scène, dans la mesure où il com­porte de nom­breux dia­logues repris dans le spec­tacle. Le pro­pos est illus­tré par des mimiques ambi­va­lentes, qui témoignent de l’ambiguïté, peut-être de la dan­ge­ro­sité de la situa­tion.
Les échanges sont l’occasion de déve­lop­per des para­doxes, et de lais­ser s’exprimer une femme inqui­si­trice, dont la pers­pi­ca­cité va finir par per­cer le mys­tère de l’ogre pré­da­teur. Même s’il plaide sa cause hon­nê­te­ment, le piège qu’il a ima­giné se refer­mera sur lui.

Pour­tant, la fin de l’histoire réin­tro­duit un élé­ment fan­tas­tique, une ultime pirouette qui inter­roge sur le sens ultime de l’histoire, sem­blant don­ner le der­nier mot aux sor­ti­lèges du pou­voir, à moins que ce ne soit à l’équivoque.
Une repré­sen­ta­tion hon­nête, effi­cace, plaisante.

chris­tophe gio­lito

 

Barbe bleue 

d’après Amé­lie Nothomb 
adap­ta­tion et mise en scène Fré­dé­rique Lazarini 

avec Pierre Forest, Lola Zidi, Cédric Colas, et Helen Ley.

Assis­tante à la mise en scène Lydia Nicaud ; scé­no­gra­phie et lumières Fran­çois Caba­nat ; cos­tumes Domi­nique Bourde et Isa­belle Pas­quier ; créa­tion sonore Fran­çois Pey­rony ; cho­ré­gra­phies Fran­çoise Munch ; vidéo Hugo Givort.

A l’Artistic Théâtre, 45 Rue Richard Lenoir, 75011 Paris https://artistictheatre.com/barbe-bleue/

Réser­va­tions 01.43.56.38.32 ou aatheatre@gmail.com Durée : 1h30

A par­tir du 27 février 2023, mardi 20h ; mer­credi 17h ; jeudi 19h ; ven­dredi 20h30 ;
samedi 17h et 20h30, dimanche 16h.

Atten­tion, chan­ge­ment d’horaires à par­tir du 04 avril : mardi 20h30 ; mer­credi 17h ; jeudi 20h30 ; ven­dredi 20h30 ; samedi 17h et 20h30 ; dimanche 17h.

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