Une limite de l’écriture se touche lorsque les mots croient immobiliser l’image en un sens insondable et s’estiment identiques à des renaissances parce qu’ils deviennent soudain le temps de la faire exister en et à propos.
Un vent y souffle d’une matière végétale. Il suit un sens contraire aux courants là où le monde disparaît dès qu’il dépasse les bords d’une page.
Ce seul phénomène explique la possibilité — à défaut d’existence — d’une parole magique. Chaque page rêve en conséquence qu’un savoir s’y crée dans le tremblement. Y écrire c’est croire. Main tendue, paume ouverte jusqu’à se tordre les doigts.
Chaque mot cherche à être celui qui tiendra. Mais il ne fait que s’accrocher à son propre mât. Chacun s’en empare pour l’infiltrer sous les aisselles où la chair est fine mais où il fait chou blanc quoique le coup qui la vise la manque de peu. Celle-là est touchée mais elle ne saigne pas.
Et au cas où le sang se vide, il n’est pas question de souffrance. De fait, tout retourne à l’endroit où a eu lieu le tout premier faux-pas même si chaque mot croit faire ce que l’image ne fait pas.
jean-paul gavard-perret
Photo : Anna Bambou
Le mot et l’image se complètent . L’un , pas plus que l’autre , n’a l’exclusivité .