Valérie Mangin & Chrys Millien, Alix — tome 41 : “La Reine des Amazones”

Que n’ont-elles pas fait écrire !

Avec les aven­tures d’Alix, ce Gau­lois inté­gré dans la société romaine, le lec­teur a pu visi­ter la quasi-totalité de l’Empire. Cette fois-ci, il est en Grèce, aux prises avec des dis­pa­ri­tions et une femme de carac­tère qui vou­lant faire revivre le règne des Ama­zones qui, selon la mytho­lo­gie grecque, avaient fondé un royaume. Celui-ci, se situait dans la région du Pont Euxin, au bord de la mer noire, sur les rives du fleuve Ther­mo­don.
Valé­rie Man­gin pro­pose un récit qui oppose des hommes à des femmes qui entendent gérer leur vie. Elle reprend ces Ama­zones, ce peuple de guer­rières dont on sait peu de choses. La majo­rité des écrits les concer­nant sont bien pos­té­rieurs à leur exis­tence et nour­ris de cer­tains fan­tasmes. Il semble, tou­te­fois, qu’elles menaient des acti­vi­tés jusqu’alors l’apanage des hommes comme la guerre, confiant à des esclaves mas­cu­lins le soin des tâches ména­gères. Cepen­dant, il fal­lait conce­voir une intrigue et, comme dans toutes socié­tés, les membres qui veulent accé­der au pou­voir ne manquent pas. Et l’intervention d’Alix se jus­ti­fie par une situa­tion périlleuse.

Thes­sa­lo­nique, la capi­tale de la pro­vince romaine de Macé­doine, est en proie à la peur. Des femmes dis­pa­raissent. Une auber­giste, alors qu’elle ferme son éta­blis­se­ment, est atta­quée par deux sil­houettes enca­pu­chon­nées.
Le len­de­main, la foule est à l’hippodrome où se déroule une course de chars. Dans l’un d’eux, Alix est aux prises avec Délia une conduc­trice expé­ri­men­tée. Il finit par l’emporter.

Alix est là, avec Enak, car ils ont été invi­tés par un ami. Délia se reven­dique d’une lignée royale. Elle a trans­formé son domaine en royaume ama­zone d’où les hommes sont exclus, sauf les esclaves.
Sou­dain, la foule gronde. La nou­velle selon laquelle l’aubergiste a été retrou­vée morte cir­cule. Avec la dis­pa­ri­tion de quatre femmes le mois der­nier, ce meurtre sou­lève l’indignation. La foule reproche à Cor­ne­lius Carbo, le pro­pré­teur de la pro­vince, son inca­pa­cité à assu­rer la sécu­rité. C’est alors que Délia pro­pose son aide, ses filles connaissent bien la ville.
Au ban­quet qui suit les fes­ti­vi­tés, Enak et quelques ado­les­cents décident de s’introduire chez les Ama­zones pour prendre la cein­ture de Délia. Et Alix doit payer de sa per­sonne car…

Valé­rie Man­gin intègre le vol de la cein­ture de Délia en réfé­rence au neu­vième tra­vail d’Héraclès qui, à Thé­mis­cyre, s’est emparé de la cein­ture d’Hippolyte, la reine des Ama­zones, pour la remettre à Eurys­thée.
Chris Mil­lien assure un des­sin réa­liste au pos­sible, pro­po­sant un Alix proche de celui de Jacques Mar­tin. Il donne des décors fine­ment des­si­nés, des scènes de foule détaillées, des courses de che­vaux et d’humains très éla­bo­rées. Les corps sont dévê­tus comme le vou­laient les tenues ves­ti­men­taires de l’époque bien que les dames et jeunes filles res­tent assez cou­vertes. Le des­si­na­teur ne s’autorise que quelques ombres pou­vant faire devi­ner les courbes d’une poi­trine, le galbe d’une chute de reins. Jean-Jacques Cha­gnaud assure une mise en cou­leurs d’une belle effi­ca­cité et d’une grande beauté.

Ce nou­vel opus des aven­tures de l’inoxydable Alix se lit avec plai­sir pour une intrigue menée avec vigueur et mise en images avec talent.

serge per­raud

Valé­rie Man­gin (scé­na­rio), Chrys Mil­lien (des­sin) & Jean-Jacques Cha­gnaud (cou­leurs), Alix — tome 41 : La Reine des Ama­zones, Cas­ter­man, février 2023, 48 p. — 12,50 €.

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