Ce qui paraît insupportable reste le passé. Mais difficile de s’en débarrasser.
Lorenzo Vitali scénarise cette impossibilité et la traque en divers lieux:“C’est comme ça que ça marche : le passé s’accumule, tandis que le présent ne retient qu’un instant avant de se déverser goutte à goutte dans ce même tas”, rappelle le photographe en citant Andrei Kurkov.
Le tout entraîne mixage et confusion, chaos et cadrage. A l’épreuve du temps, les choses s’accumulent en amas en multiplications, s’immobilisent et pèsent ostensiblement. D’où ces narrations visuelles.
Elles créent des histoires, réelles ou imaginaires : “Les objets décontextualisés reprennent vie, ils inventent de nouvelles pensées à la syntaxe déformée, ils surprennent les perspectives”, ajoute le photographe.
Une mémoire s’entasse pêle-mêle en créant arrêts et sans doute frustrations. Existe là un principe d’inefficacité et une sorte de maladie : rien ne se jette là où les objets créent des confidences de l’inénarrable.
jean-paul gavard-perret
Lorenzo Vitali, Le tas du passé, L’oeil de la photographie, Paris, mars 2023.