Olivier Cadiot, Irréparable

Soli­loque

Irré­pa­rable sera monté à l’automne pro­chain au théâtre par Chris­tophe Mar­tha­ler à qui ce texte est dédié. Il s’agit d’un mono­logue où une femme parle et où un homme se tait.
Elle passe par divers pro­noms per­son­nels comme si son “je” se déta­chait par­fois de la réa­lité sans attendre les portes de la nuit.

L’auteur pré­serve le lec­teur (ou le spec­ta­teur) d’un fond tra­gique par les bonnes manière de l’humour et la drô­le­rie. Cette femme est iso­lée, soli­taire dans une mai­son per­due au fond de la cam­pagne. Son soli­loque se veut pour elle une façon de s’avouer sa vérité. Mais elle patine dans ses miasmes en un envi­ron­ne­ment impli­ci­te­ment hos­tile.
Et la ques­tion essen­tielle demeure la sui­vante : “Lui que j’aimais tant. Pour­quoi il se tait ?” L’homme sur scène n’est pas réel­le­ment pré­sent, la femme le sait mais conti­nue son mono­logue en de telles mor­sures d’absence.

Tout reste dans ce double face à face (avec elle-même et avec l’absent) concis, ce qui per­met au spec­ta­teur ou lec­teur une sorte de liberté d’interprétation là où le coeur défaillant s’élargit mais sans pathos.
Il vibre comme dans des éclats de gris face à celui qui pré­sent res­tera tou­jours ailleurs mais per­met de rete­nir cette sorte de col­loque là où la rétrac­ta­tion de l’un fait le jeu d’un logos en faux-pas et un “faut pas” (accepté) réduits à leur tige tant les pos­sibles fleurs ont disparu.

jean-paul gavard-perret

Oli­vier Cadiot, Irré­pa­rable, P.O.L édi­teur, 2023, 48 p. — 9,00 €.

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