Irréparable sera monté à l’automne prochain au théâtre par Christophe Marthaler à qui ce texte est dédié. Il s’agit d’un monologue où une femme parle et où un homme se tait.
Elle passe par divers pronoms personnels comme si son “je” se détachait parfois de la réalité sans attendre les portes de la nuit.
L’auteur préserve le lecteur (ou le spectateur) d’un fond tragique par les bonnes manière de l’humour et la drôlerie. Cette femme est isolée, solitaire dans une maison perdue au fond de la campagne. Son soliloque se veut pour elle une façon de s’avouer sa vérité. Mais elle patine dans ses miasmes en un environnement implicitement hostile.
Et la question essentielle demeure la suivante : “Lui que j’aimais tant. Pourquoi il se tait ?” L’homme sur scène n’est pas réellement présent, la femme le sait mais continue son monologue en de telles morsures d’absence.
Tout reste dans ce double face à face (avec elle-même et avec l’absent) concis, ce qui permet au spectateur ou lecteur une sorte de liberté d’interprétation là où le coeur défaillant s’élargit mais sans pathos.
Il vibre comme dans des éclats de gris face à celui qui présent restera toujours ailleurs mais permet de retenir cette sorte de colloque là où la rétractation de l’un fait le jeu d’un logos en faux-pas et un “faut pas” (accepté) réduits à leur tige tant les possibles fleurs ont disparu.
jean-paul gavard-perret
Olivier Cadiot, Irréparable, P.O.L éditeur, 2023, 48 p. — 9,00 €.