Maeght Editeur présente une nouvelle collection de livres artistiques. Trois premiers volumes sortiront en même temps afin d’inaugurer cette édition. L’artiste Julie Safirstein qui anime depuis plusieurs années des ateliers pour enfants a découvert dans ce travail l’idée de la collection de dépliants que les enfants peignent et dessinent. Dans chaque livre un poème et des motifs colorés sont « installés » par l’artiste. Le résultat est une réalisation parfaite — comme savent le proposer toujours les ateliers Maeght et leurs impressions de lithographies. Quant au format accordéon, il permet de travailler les pages les unes après les autres ou de les déplier de manière à avoir une vision globale du travail. Ces livres devenus uniques peuvent alors prendre place dans les bibliothèques.
Mais ce n’est que petit à petit que le créateur ou le créatrice en herbe construiront de manière logique ou délirante son livre. Il ne s’agit pas forcément de se préoccuper de pertinence. La vérité — ce faux-semblant — n’est plus l’affaire de la création. La folle de logis qu’est l’imaginaire peut ou plutôt doit aller à la dérive et se heurter aux mondes étanches du songe et du quotidien. Le travail de l’artiste poète fait que ces deux territoires sont proposés et peuvent déverser leur contenu dans la conciliation enfin possible du rêve et de la réalité.
Autour des propositions de Julie Safirstein, divers types d’apparitions peuvent en effet graviter. L’enfant devient montreur de puces ou dresseur de bestioles, magicien ou savant. Une reine des Fleurs peut trouver une double vie. Et elle n’est pas la seule. La place est possible pour une double vue où de drôles d’esprits peuvent s’épancher pour traverser temps et contrées. Errants, ils se déplacent, vont et viennent et entraînent leurs comparses dans une interminable vadrouille sollicités par les textes proposés. A chaque auteur en herbe de les interpréter en parfaite liberté : dans un gris-brouillage comme dans des bouquets de clarté. Toutes les hordes sont possibles qu’elles soient de pucerons, scarabées, lions, poulpes voire des faces grimaçantes d’êtres humains.
Julie Safirstein,
– Poésies dessinées, 3 vol. : Poisson d’Avril de Boris Vian, Les Papillons de Gérard de Nerval, En sortant de l’école de Jacques Prévert, Maeght Editeur.
- Mémo des feuilles, Mémo des fleurs, Editions Mémo, Nantes.
Entretien avec Julie Safirstein :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Mes rêves d’enfant.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Certains sont devenus réalité, d’autres le deviendront je l’espère.
A quoi avez-vous renoncé ?
À la facilité.
D’où venez-vous ?
Je me le demande souvent…
Qu’avez-vous reçu en dot ?
L’amour du beau.
Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ?
Rien que je regrette.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Prendre un taxi plutôt que le métro.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
C’est à vous de me le dire !
Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpela ?
La lumière.
Où travaillez-vous et comment ?
Je travaille à la gouache sur papier dans mon ateli
er à Paris.
Quelles musiques écoutez-vous en travaillant ?
Je travaille dans le silence lorsque je cherche et avec de la musique lorsque je réalise, forte et souvent le même morceau en boucle.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
J’aime particulièrement un passage dans les “Écrits et propos sur l’art” d’Henri Matisse intitulé “L’exactitude n’est pas la vérité”.
Quel film vous fait pleurer ?
Je regarde peu de films, les images en mouvements me perturbent.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Moi-même à l’envers.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Au garçon dont j’étais amoureuse en primaire.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La Méditerranée.
Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Tous ceux qui inventent leur propre vie sont pour moi des artistes.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Vous voulez me faire un cadeau ?
Que défendez-vous ?
Ma liberté.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
De la tristesse.
Enfin que pensez-vous de celle de W. Allen : « La réponse est oui mais quelle était la question ? »
Je ne sais plus.
Présentation et entretien réalisé par jean-paul gavard-perret pour le litteraire.com en septembre 2013.
Merci Julie pour cet entretien petillant. Cela fait plaisir de te retrouver! Tout le meilleur succes a toi!